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  • #BEIJING25 : « Nous sommes indignées par la discrimination et nous transformons nos demandes en actions »

    À l’occasion du 25ème anniversaire duProgramme d’Action de Beijing, qui aura lieu en septembre 2020, CIVICUS s’entretient avec des activistes, des dirigeants et des experts de la société civile pour évaluer les progrès accomplis et les défis qui restent à surmonter. Adopté en 1995 lors de la quatrièmeConférence mondiale des Nations Unies (ONU) sur les femmes, le Programme d’Action de Beijing poursuit les objectifs d’éliminer la violence contre les femmes, de garantir l’accès au planning familial et à la santé reproductive, d’éliminer les obstacles à la participation des femmes à la prise de décision et de fournir un emploi décent et un salaire égal pour un travail égal. Vingt-cinq ans plus tard, des progrès importants mais inégaux ont été faits, en grande partie grâce aux efforts incessants de la société civile, mais aucun pays n’a encore atteint l’égalité des genres.

    CIVICUS s’entretient avec Viviana Krsticevic, directrice exécutive du Center for Justice and International Law (CEJIL) et membre du secrétariat de la campagne Gqual, une initiative mondiale qui promeut la parité des sexes dans la composition des organisations internationales.

  • #BEIJING25 : « Tous les efforts en faveur de l'égalité des genres doivent être fondés sur l'intersectionnalité et l’émancipation »

    À l'occasion du 25e anniversaire duProgramme d'Action de Beijing, CIVICUS s'entretient avec des activistes, des dirigeants et des experts de la société civile pour évaluer les progrès accomplis et les défis qui restent à surmonter. Adopté en 1995 lors de la quatrièmeConférence mondiale des Nations Unies (ONU) sur les femmes, le Programme d'Action de Beijing poursuit les objectifs d'éliminer la violence contre les femmes, de garantir l'accès au planning familial et à la santé reproductive, d'éliminer les obstacles à la participation des femmes à la prise de décision et de fournir un emploi décent et un salaire égal pour un travail égal. Vingt-cinq ans plus tard, des progrès importants mais inégaux ont été faits, en grande partie grâce aux efforts incessants de la société civile, mais aucun pays n'a encore atteint l'égalité des genres.

    CIVICUS s'entretient avecLyric Thompson, directrice des politiques et du plaidoyer au Centre international de recherche sur les femmes (ICRW), un institut de recherche mondial avec des bureaux situés aux États-Unis, en Inde, au Kenya et en Ouganda. La recherche de l'ICRW cherche à identifier les contributions des femmes, ainsi que les obstacles qui les empêchent de participer pleinement à l'économie et à la société, traduisant leurs conclusions en une stratégie d'action qui honore les droits humains des femmes, garantit l'égalité des genres et crée les conditions pour que toutes les femmes puissent s’épanouir.

    LyricThompson

    Dans quelle mesure la promesse contenue dans le Programme d’action de Beijing s’est-elle traduite par des améliorations concrètes ?

    La Déclaration de Beijing a marqué un grand pas historique vers l'égalité des genres, car elle a positionné les droits des femmes en tant que droits humains et renforcé le rôle de la société civile en tant qu'acteur clé. Elle a également contribué à mettre en évidence les réalités des femmes et des filles du monde entier.

    Des progrès tangibles ont été réalisés dans les domaines de l’éducation, de la santé maternelle et, de plus en plus, de l’abrogation des lois discriminatoires. Mais les progrès ont été lents et irréguliers, et il y a eu des revers importants. Cela se voit clairement aux États-Unis, qui ont adopté une position générale anti-avortement qui a eu un impact mondial en raison de sa règle du bâillon mondial. Cette règle interdit aux organisations de la société civile (OSC) étrangères qui reçoivent des fonds des États-Unis pour fournir des services de santé de fournir des services d'avortement légal ou même de faire des références envers d’autres services d’avortement, et leur interdit de plaider en faveur d'une réforme de la loi sur l'avortement, même si cela est fait avec les fonds propres des OSC, et non pas des États-Unis. Cette politique est en place depuis les années 1980, mais elle a été renforcée à maintes reprises et ne permet actuellement l'accès à l'avortement que dans des cas extrêmes : viol, inceste ou lorsque la vie d'une femme est en danger.

    Comme si cela ne suffisait pas, un certain nombre de défis nouveaux et dynamiques, de l'aggravation de la fracture numérique et de la crise climatique à la pandémie en cours, ont également un impact genré. Par conséquent, les promesses non tenues abondent, notamment en ce qui concerne l'accès à la santé, les droits sexuels et reproductifs et la prévalence de la violence basée sur le genre (VBG).

    Le manque de mise en œuvre des politiques et des lois, ainsi que le manque de ressources pour financer le mouvement des droits des femmes, rendent compte actuellement de la stagnation des efforts en faveur de l'égalité des genres. Mais même si toutes les lois étaient appliquées et toutes les politiques étaient mises en œuvre, il n'en demeure pas moins que la plupart des progrès réalisés jusqu'à présent ont été partiels. Bien qu’ils aient été importants et aient fait des progrès significatifs, ils se heurtent également à des limites, car peu d’efforts ont été consacrés à la lutte contre la nature multidimensionnelle et intersectionnelle des formes de discrimination qui affectent les femmes. Pour l'avenir, tous les efforts en faveur de l'égalité des genres et du changement social doivent être fondés sur une compréhension de l'intersectionnalité, de la transformation et de l’émancipation.

    La coordination et la collaboration entre des partenaires et des secteurs, y compris les gouvernements, la société civile et le secteur privé, seront également essentielles pour parvenir à un changement transformateur. Il sera également crucial de centrer la prise de décision sur les besoins et les priorités du mouvement des droits des femmes, des leaders féministes, des organisations de base et des jeunes femmes, telles qu'elles les perçoivent elles-mêmes.

    Quels sont les principaux domaines d'action sur lesquels il faut mettre l'accent pour que l'objectif de développement durable (ODD) 5 sur l'égalité des genre et l’émancipation des femmes soit atteint d'ici 2030 ?

    En nous appuyant sur les priorités énoncées par ONU Femmes, on pense que deux domaines d'action clés sont l'établissement d'un cadre de responsabilisation solide pour les ODD et l'intégration et la priorisation du genre dans tous les ODD, et pas seulement l’ODD 5, étant donné que l'inégalité des genres est un obstacle fondamental à la réalisation de tout objectif de développement mondial. Et en plus d'inclure un objectif spécifique pour atteindre l'égalité des genres, les ODD reconnaissent cette égalité comme un moteur pour obtenir des résultats dans d'autres domaines, notamment la santé, l'éducation et le développement économique.

    Étant donné que la mise en œuvre des ODD est principalement dirigée par les États membres, le Secrétaire général des Nations Unies (SGNU) devrait prioriser la participation de la société civile, en mettant un accent particulier sur les organisations féministes, de défense des droits des femmes et de base qui stimulent le changement aux niveaux local et régional.

     

    Comment la pandémie de la COVID-19 a-t-elle affecté les femmes et comment les organisations de défense des droits des femmes ont-elles réagi ?

    La pandémie, comme d’autres crises et bouleversements sociaux tout au long de l’histoire, aggrave à tous les niveaux et dans tous les domaines les inégalités contre lesquelles le mouvement pour l’égalité des genres lutte depuis des décennies. Les femmes sont aux premières lignes de la lutte contre la pandémie ; en effet, environ 70% des travailleurs de la santé et des services sociaux dans le monde sont des femmes. Au même temps, l'accès des femmes aux services de santé non liés à la COVID-19 est susceptible de décliner ; si les impacts de la COVID-19 ressemblent à ceux de l'épidémie d'Ebola de 2014-2015, nous pourrions voir des réductions des naissances à l'hôpital, des visites de soins prénatals et du planning familial. Dans le cadre de la pandémie, les femmes supportent également des fardeaux supplémentaires liés aux tâches ménagères et à la garde et à l'éducation des enfants, ce qui peut avoir des répercussions négatives sur le marché du travail, où l'on pourrait voir des revers dans les progrès réalisés à travers les décennies. De même, les confinements imposés pour répondre au COVID-19 ont entraîné un risque accru de VBG.

    La société civile a travaillé sur ces questions à tous les niveaux, du local au mondial, pour répondre aux impacts négatifs de la pandémie sur les femmes. De nombreuses organisations de défense des droits des femmes ont saisi la pandémie comme une occasion de renforcer les liens de solidarité et de promouvoir le leadership des femmes dans les plans et politiques de relance. Par exemple, plus de 1 600 personnes et OSC de pays du sud et des communautés mal desservies du nord ont signé une déclaration exigeant une réponse féministe au COVID-19. La proposition identifie une série de politiques globales dans neuf domaines clés : sécurité alimentaire, santé, éducation, inégalités sociales, eau et assainissement, VBG, accès à l'information et abus de pouvoir.

    Au niveau régional, des mouvements allant dans le même sens peuvent être observés. En Afrique, par exemple, les OSC et les personnalités féministes ont envoyé une lettre ouverte à l'Union africaine pour exiger une reprise économique féministe coordonnée post-COVID-19. La société civile a également formé des coalitions nationales pour exiger des approches similaires dans chaque pays. Aux États-Unis, une Coalition pour une politique étrangère féministe a été formée pour promouvoir une politique étrangère qui promeut l'égalité des genres, les droits humains, la paix et l'intégrité environnementale. ICRW est membre du Comité directeur de la Coalition et, à ce titre, a contribué à cette innovation politique qui vise à introduire une approche transformatrice avec une perspective de droits dans la politique étrangère de notre pays, qui n'inclut pas les femmes comme un agrégat ex post, mais en intégrant le genre dans chaque politique et chaque initiative. Il existe des précédents pour l'adoption de cette approche dans plusieurs pays, dont la Suède en 2014, le Canada en 2017, la France et le Luxembourg en 2019 et le Mexique au début de 2020. Nous considérons qu’il est temps que les États-Unis la mettent également en œuvre.

    Afin de souligner à quel point cette politique est innovatrice il suffit de remarquer que depuis plusieurs décennies, les gouvernements ont traité l'inégalité de genre comme distincte et déconnectée de questions « dures » et importantes, telles que le commerce ou la sécurité nationale ; les questions de genre étaient considérées comme faisant partie de la diplomatie « douce ». Ce n'est qu'au milieu des années 1990 que l'ONU a publié une déclaration établissant officiellement l'égalité de genre comme une priorité mondiale et élargissant la perspective afin de la traiter comme faisant partie de systèmes inégaux plus larges, et la suite est Histoire. Une politique étrangère féministe n'est que la dernière version de cette approche évolutive, basée sur un nombre croissant de recherches académiques suggérant qu'une participation économique, politique et sociale accrue des femmes peut aboutir à un monde plus riche et plus pacifique, en établissant un lien direct entre l'égalité de genre et la sécurité nationale.

    Pourriez-vous nous parler de la Campagne pour une ONU féministe, dont l'ICRW fait partie ?

    On pense qu’un coup de pouce mondial est nécessaire : les gouvernements doivent prendre des engagements internationaux plus forts pour promouvoir l’égalité de genre. Cela signifie adopter une approche féministe dans l'élaboration des politiques, s'assurer que ce programme est financé de manière adéquate et créer des mécanismes de responsabilisation.

    La Campagne pour une ONU féministe, lancée en 2016, est un effort pour créer une proposition collective afin d’apporter un changement réel et significatif dans les droits des femmes et l'égalité de genre aux Nations Unies - dans toutes ses politiques et programmes - et évaluer chaque année les progrès dans cette optique. La campagne rassemble des penseuses et activistes féministes de premier plan de la société civile, de la philanthropie et du monde universitaire, ainsi que d'anciens responsables de l'ONU autour d'un programme commun. Cet agenda requiert non seulement du leadership visible et proactif du SGNU, mais aussi une réforme de l'ensemble du système pour surmonter les obstacles internes de l'organisation.

    Début 2017, la campagne a élaboré un « bulletin scolaire » en réponse aux déclarations du SGNU, António Guterres, lors de sa prise de fonction, dans lesquelles il s'est identifié comme féministe. Ce bulletin évalue la performance du SGNU dans six domaines :

    • Élaboration et mise en œuvre d'un programme féministe pendant le mandat du SGNU;
    • Mise en œuvre et responsabilité solides pour les ODD, liées aux instruments et forums sur les droits des femmes;
    • Financement transparent et responsable pour l'égalité de genre;
    • Le leadership des femmes au sein du système des Nations Unies et la protection des droits des femmes en son sein;
    • Institutions et forums des droits des femmes plus forts et plus féministes au sein des Nations Unies;
    • Une plus grande liberté d'information dans le système des Nations Unies.

    Pour évaluer les progrès et préparer des bulletins, la Campagne mène des entretiens avec des experts de l'ONU et des acteurs de la société civile, administre une enquête mondiale de la société civile et analyse des discours clés, des publications sur les réseaux sociaux, des rendez-vous, des voyages et d'autres initiatives. Les bulletins ont été publiés chaque année pendant ce mandat du SGNU et la campagne prépare actuellement sa quatrième édition.

    Le troisième bulletin publié par la Campagne a attribué au Secrétaire général une note médiocre. Pouvez-vous nous en dire plus sur les résultats et leurs implications ?

    Les réstultats du troisième bulletin ne sont pas aussi solides que nous le souhaiterions. Alors que le SGNU Guterres a bien performé dans quelques domaines - comme le plaidoyer pour la parité, par exemple, qui est devenu son thème privilégié - les progrès ont été moins prononcés dans d'autres domaines, tels que l’augmentation du financement des droits des femmes ou de la liberté d'information au sein du système.

    Selon le bulletin, les messages publics de Guterres sur les droits des femmes et l'égalité des genres ont en fait augmenté en 2019 : ses discours sur l'égalité des genres ont triplé et il a continué d'afficher des références « féministes ».

    Les progrès dans le sens de la parité entre les sexes au sein de l'ONU se sont poursuivis à un rythme ininterrompu, même si les réactions négatives à son encontre ont également augmenté. Les progrès ont été bloqués par l'inertie bureaucratique, les fonds limités et l'opposition interne.

    Il y a cinq domaines spécifiques dans lesquels nous aimerions voir plus de progrès. Premièrement, dans la prioriisation de l'implication de la société civile et du féminisme dans tous les processus mondiaux et dans les processus des Nations Unies. Deuxièmement, dans la favorisation d’une plus grande transparence dans les activités et les engagements financiers de l'ONU. Troisièmement, sur la politique de tolérance zéro pour le harcèlement sexuel dans tout le système des Nations Unies et la fin de l'exploitation et des abus sexuels dans tous les domaines, y compris les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Quatrièmement, la pleine mise en œuvre de l'ODD 5, c'est-à-dire la mise en œuvre de toutes ses composantes - y compris celles que les États membres sont les plus susceptibles de remettre en question, comme la santé et les droits sexuels et reproductifs - et l'intégration du genre dans tous les ODD. Et cinquièmement, dans l’établissement d’une plus grande responsabilité sur les questions liées à l'égalité de genre, au leadership intergénérationnel, à la solidarité, à la collaboration et à l'intersectionnalité, au financement de programmes, mouvements et initiatives sur les droits des femmes, au changement des relations de pouvoir et à la plus grande inclusivité et l’élargissement de la prise de décisions.

    Entrez en contact avec le Centre international de recherche sur les femmes via sonsite Web ou sa pageFacebook, et suivez@ICRW et@lyricthompson sur Twitter. 

  • COVID-19 : « Les réfugiés ont payé un prix plus élevé dans une crise dont on pensait qu’elle nous touchait tous »

    CIVICUS s’entretien sur la situation des réfugiés climatiques et les défis croissants rencontrés lors de la pandémie de la COVID-19 avec Amali Tower, fondatrice et directrice exécutive de Climate Refugees. Fondée en 2015, l’association Climate Refugees défend les droits des personnes déplacées et forcées de migrer, y compris par-delà les frontières, en raison du changement climatique. Elle documente leurs cas pour faire la lumière sur les lacunes en matière de protection et les vides juridiques et plaide en faveur de solutions fondées sur les droits humains et de la création de normes et de politiques qui protègent les personnes touchées par les migrations et les déplacements liés au changement climatique.

  • ECOCIDE : « Les auteurs de destruction environnementale devraient être poursuivis comme des criminels de guerre »

    CIVICUS s’entretient avec Jojo Mehta, co-fondatrice et directrice exécutive de Stop Ecocide International et présidente de la Fondation Stop Ecocide. La campagne Stop Ecocide vise à faire reconnaître l’écocide comme un crime international. À cette fin, la Fondation Stop Ecocide, basée aux Pays-Bas, travaille avec des pénalistes internationaux, des chercheurs et des diplomates pour élaborer une définition actualisée, claire et juridiquement solide de l’écocide et plaider pour que les États l’incorporent dans un amendement au droit pénal international.

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