RÉPUBLIQUE DOMINICAINE : « Nous faisons partie d’un mouvement antiraciste global »

CIVICUS s’entretient avec Elena Lorac, coordinatrice de Reconoci.do, un réseau civique indépendant et pluraliste composé principalement de jeunes Dominicains d’origine haïtienne. Reconoci.do défend les droits humains et promeut l’intégration réelle, pleine et effective des Dominicains d’origine haïtienne dans la société dominicaine. Présent sur tout le territoire de la République dominicaine, Reconoci.do défend la vision d’un pays multiculturel où les personnes de toutes origines vivent ensemble avec dignité, sans stigmatisation ni discrimination, et où leurs droits fondamentaux sont respectés par la société et protégés par l’État.

Elena Lorac

Quand et pourquoi l’organisation Reconoci.do a-t-elle vu le jour, et quels sont ses objectifs ?

Reconoci.do est un mouvement de Dominicains d’origine haïtienne, principalement des jeunes, qui luttent pour notre droit à la nationalité et pour l’accès à tous les droits qui découlent de cette appartenance : droits civils, politiques et sociaux ; des droits aussi fondamentaux que le droit au travail, au logement, à l’éducation et à la santé, qui nous sont systématiquement refusés.

Le mouvement s’est formé fin novembre 2011, en réaction à une résolution du Conseil électoral central qui a suspendu « temporairement » la validité de nos actes de naissance et de nos documents d’identité, c’est-à-dire dans un contexte où, au lieu d’avancer dans la reconnaissance des droits, des revers se produisaient qui institutionnalisaient une exclusion historique.

Jusqu’en 2010, la Constitution de la République dominicaine reconnaissait comme ressortissants toutes les personnes nées sur le territoire national, à l’exception des membres du personnel diplomatique et des personnes considérées comme étant « en transit », expression qui ne désignait en principe que celles qui se trouvaient dans le pays depuis quelques jours. Pendant huit décennies, en vertu de ces définitions, l’État a délivré des certificats de naissance, des cartes d’identité et des passeports dominicains aux fils et aux filles de parents haïtiens, nés dans le pays. Cependant, dans les années 1990, des groupes nationalistes ont commencé à faire pression pour une interprétation restrictive qui, en 2004, a abouti à une nouvelle loi sur les migrations selon laquelle les travailleurs étrangers temporaires et les travailleurs migrants sans papiers étaient considérés comme des étrangers « en transit », ce qui signifie que leurs enfants n’auraient plus accès à la nationalité dominicaine simplement parce qu’ils sont nés dans le pays. Le Conseil Electoral Central, l’organisme qui coordonne le registre civil, a commencé à appliquer cette loi rétroactivement et, en 2007, a institutionnalisé cette pratique par le biais d’une circulaire et d’une résolution qui empêchaient la délivrance ou le renouvellement des documents d’identité aux enfants nés en République Dominicaine d’immigrants haïtiens en situation migratoire irrégulière. En 2010, la nouvelle Constitution a refusé le droit automatique à la nationalité aux enfants nés dans le pays de parents immigrés en situation irrégulière. Enfin, en septembre 2013, l’arrêt 168-13 de la Cour constitutionnelle a établi que les personnes nées dans le pays dont les parents étaient en situation irrégulière n’avaient jamais eu droit à la nationalité dominicaine. Cette décision s’applique rétroactivement à toutes les personnes nées entre 1929 et 2007, c’est-à-dire qu’elle prive de la nationalité dominicaine quatre générations de personnes, pour la plupart d’origine haïtienne, qui avaient été enregistrées comme dominicains pendant huit décennies.

Ces changements juridiques ont institutionnalisé une exclusion historique qui a été perpétuée par une politique de haine, de racisme et de xénophobie promue par des groupes nationalistes. Selon la vision dominante, tout ce qui vient d’Haïti est étrange, étranger et impossible à assimiler. Ainsi, les personnes comme moi, nées en République dominicaine de parents haïtiens, sont traitées comme des étrangers. Comme nous sommes nés en République dominicaine, nous ne sommes pas non plus considérés comme des Haïtiens par l’État haïtien. Et de toute façon, nous parlons de personnes qui, dans de nombreux cas, ne sont jamais allées en Haïti, qui ont grandi ici et parlent espagnol ; beaucoup de jeunes ne parlent en fait pas du tout le créole. Le manque de reconnaissance est terriblement douloureux.

Pour résoudre la situation créée par la Cour constitutionnelle, et en réponse à une forte mobilisation nationale et internationale, la loi 169-14, ou loi spéciale de naturalisation, a été adoptée en 2014. Cette loi a établi un régime spécial pour les personnes considérées comme « descendants d’étrangers en situation migratoire irrégulière », basé sur une distinction entre deux groupes. Pour les personnes du « groupe A », qui comprenait celles qui avaient été inscrites au registre d’état civil dominicain dans le passé, la loi a reconnu la nationalité dominicaine et a ordonné à la Commission électorale centrale de leur délivrer ou de leur rendre leurs documents d’identité. Par contre, les personnes du « groupe B », qui, bien qu’elles soient nées et aient toujours vécu dans le pays et n’aient aucun lien avec le pays d’origine de leurs parents, n’ont jamais été enregistrées, se sont vu accorder 90 jours pour s’inscrire en tant qu’étrangers, avec la possibilité d’obtenir la nationalité dominicaine par naturalisation dans un délai de deux ans. Cette distinction est totalement arbitraire et il est fréquent de trouver des familles dont les frères et sœurs appartiennent aux deux groupes différents, ainsi que des familles qui, bien qu’ayant enregistré leurs enfants, se sont retrouvées sans papiers à la suite d’une catastrophe naturelle et n’ont pas pu entamer le processus de naturalisation en raison de leur situation économique, de l’éloignement des bureaux administratifs et des frais encourus. Seuls quelques milliers de personnes du groupe B ont réussi à obtenir la citoyenneté par cette voie. Il y a actuellement quelques 133 000 jeunes en situation d’apatridie.

J’ai actuellement mon document d’identité en vertu de la loi 169-14 ; on me l’a donné quand j’avais 27 ans. Mes années de développement et de formation personnels et les débuts de ma vie productive ont été écourtés parce que je n’avais pas de pièce d’identité et que je ne pouvais pas aller à l’université. Beaucoup de mes collègues activistes sont dans la même situation. Certains ont pu progresser à l’université et même obtenir un diplôme, tandis que d’autres n’ont pas eu autant de chance.

Avez-vous porté la cause des Dominicains d’origine haïtienne dans les forums régionaux ou internationaux des droits humains ?

Depuis des décennies, la communauté internationale et la société civile dominicaine se mobilisent, tant au niveau national qu’international, pour dénoncer les abus, la discrimination et le racisme structurel en République dominicaine.

Avec d’autres organisations de la société civile (OSC), nous travaillons assidûment dans le système interaméricain, par exemple en participant aux audiences de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH). En 2014, la CIDH a accordé des mesures de précaution aux membres de notre mouvement qui avaient été menacés ou attaqués. Toujours en 2014, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a rendu un arrêt qui oblige l’État à nous rendre notre nationalité. Mais la Cour constitutionnelle n’a pas reconnu cette décision. L’État dominicain ne se conforme pas aux décisions de la Cour.

L’État ne part pas du principe qu’il y a un problème à résoudre. Aujourd’hui, notre lutte est beaucoup plus complexe que lorsque nous avons commencé, parce que les gens ont le sentiment que la situation est résolue, mais elle ne l’est pas. La grande majorité des jeunes dans cette situation viennent des bateyes, des ghettos ou des communautés qui se sont établies à l’époque de la production de canne à sucre à la fin du XIXème siècle, lorsque la République dominicaine et Haïti ont convenu d’amener des braceros haïtiens pour travailler dans le pays. Ces personnes, parfois par la ruse et même par la force, ont été amenées directement dans les bateyes, petits villages situés autour des fermes de canne à sucre. Les jeunes qui viennent de ces endroits éloignés des villes sont dans une situation très vulnérable. La grande majorité d’entre eux n’ont rien ; plusieurs générations de familles n’ont pas de papiers, et sans papiers, les gens ne peuvent pas trouver de travail ou aller à l’école. Ceux d’entre nous qui parviennent à terminer le lycée et qui veulent aller à l’université, ont la même expérience que celle qui m’est arrivée. Lorsque j’ai voulu entrer à l’université, j’ai découvert que, bien que j’aie mon certificat de naissance, je n’étais pas éligible parce que j’étais la fille de parents haïtiens. C’était un coup dur pour moi, et c’est la même chose pour des dizaines de milliers de jeunes. Soudain, ils vous disent que vous n’existez pas, ce qui entraîne un énorme traumatisme psychologique. L’État blâme nos parents ou nos grands-parents, alors qu’en fait c’est le même État qui les a amenés ici pour travailler dans la production de sucre ; mais comme cette industrie n’existe plus, ils veulent aussi nous anéantir.

Ces injustices nous ferment des portes. Elles ne nous laissent aucune perspective d’avenir. C’est pour cela que notre mouvement s’est développé à partir d’endroits comme celui-ci.

Quelles sont les implications de cette situation dans le cadre de la crise sanitaire provoquée par la COVID-19 ?

Le fait que ces personnes soient privées d’un droit aussi fondamental que la reconnaissance de leur nationalité occasionne d’autres grosses difficultés pour exercer d’autres droits fondamentaux, tels que l’accès aux services de santé et à l’assistance sociale. La pandémie a exacerbé les difficultés rencontrées par ces populations vulnérables, qui sont confinées dans des bateyes, c’est-à-dire des bidonvilles autour des champs de canne à sucre, où il n’y a ni production de sucre, ni de travail. Beaucoup des jeunes qui y vivent sont des chiriperos, autrement dit des travailleurs occasionnels, employés jour après jour dans des secteurs qui recrutent encore tant bien que mal. La pandémie leur a tout enlevé. Ils n’ont aucun accès aux programmes d’assistance sociale visant à atténuer les effets de la pandémie, car ils ne possèdent pas de pièce d’identité et ne sont pas inscrits dans les registres de la population.

Dans quelle mesure la situation des personnes d’origine haïtienne en République dominicaine est-elle le résultat du racisme ?

Les difficultés d’obtention de la nationalité dominicaine ne concernaient que les personnes dont les parents ou les grands-parents étaient originaires d’Haïti ; il ne s’agit donc pas d’un problème généralisé pour les étrangers. Ces difficultés sont le reflet du racisme structurel, car ce sont les Dominicains d’origine haïtienne, ou ceux perçus comme tels en raison de leur couleur de peau, qui souffrent de cette violation des droits humains. La CIDH a reconnu cette discrimination lorsqu’elle a confirmé, après s’être rendue en République dominicaine, qu’elle n’avait reçu aucune plainte de descendant d’étrangers non haïtiens relatives à des problèmes de reconnaissance de nationalité, d’inscription au registre d’état civil, ou de délivrance des documents d’identité.

En République dominicaine, on croit que toute personne noire est haïtienne. Si une personne est noire et qu’elle a les cheveux crépus, elle se fait constamment interroger même si elle a une pièce d’identité. Et si elle ne peut pas présenter de documents d’identité, elle peut être expulsée car l’on considère automatiquement qu’elle est haïtienne. Il y a eu des cas de Dominicains noirs déportés en raison de la couleur de leur peau. Les Dominicaines d’origine haïtienne qui n’ont pas de pièces d’identité et qui se rendent à l’hôpital pour accoucher sont traitées comme des étrangères, ce qui entretient le mythe selon lequel les femmes haïtiennes occupent tous les lits de nos hôpitaux, alors que la majorité d’entre elles ne sont pas des Haïtiennes, mais des Dominicaines noires d’origine haïtienne La population dominicaine est une population noire qui ne se reconnaît pas comme telle. Il y a clairement un problème de racisme systémique, soutenu par l’État, et non reconnu.

Ainsi, au fil du temps, en tant que mouvement, nous nous sommes rendus compte que le problème de la nationalité qui nous a mobilisés en premier lieu n’était pas seulement un problème de papiers, d’identifications et d’enregistrements, mais aussi et plus profondément un problème d’identité et de discrimination raciale qui remonte au contexte historique de nos ancêtres.

Par conséquent, nous sommes un mouvement qui non seulement lutte pour la nationalité et les droits des Dominicains d’origine haïtienne, mais qui partage également les luttes de tous les mouvements antiracistes et se mobilise contre toutes les formes de discrimination. C’est pour cela que nous sommes solidaires et soutenons toutes sortes de manifestations qui visent à garantir les droits des femmes, des minorités sexuelles et de toutes les minorités stigmatisées et discriminées.

Comment les manifestations de Black Lives Matter après l’assassinat de George Floyd aux États-Unis ont-elles eu un impact sur la République dominicaine ?

En réponse aux événements survenus aux États-Unis, plusieurs organisations de la société civile se sont réunies pour organiser une commémoration. Il ne s’agissait pas vraiment d’une manifestation, car il y avait des restrictions sur les rassemblements publics dans le contexte de la pandémie de COVID-19 ; et nous avons respecté la quarantaine. Il ne s’agissait pas non plus exclusivement d’exprimer notre solidarité, car la mort de George Floyd avait déjà trouvé un écho dans notre pays, où nous avons connu des situations similaires d’exactions policières.

En coopération avec d’autres organisations de la société civile, nous avons organisé une activité en l’honneur de George Floyd. Il a été proposé de faire un geste symbolique, grâce à une couronne collective. Le slogan était « une fleur pour Floyd » : chacun doit apporter, lorsqu’il le peut, une fleur, et la placer dans la couronne. En évoquant le décès de George Floyd, nous avons également fait allusion aux violences policières et institutionnelles subies par de nombreuses personnes noires dans notre pays, aussi bien des immigrants que des Dominicains, afin de faire comprendre que nous vivons la même situation.

Avez-vous reçu des menaces ou des attaques de la part de mouvements anti-droits ?

Il existe plusieurs groupes ultra-nationalistes qui se mobilisent en réaction à nos mobilisations et événements, essentiellement pour nous intimider et boycotter nos activités. Depuis l’arrêt de la Cour constitutionnelle, le climat est devenu plus favorable aux discours de haine et de nombreux actes d’hostilité ont été commis. De nombreux membres de notre mouvement et d’autres organisations luttant pour les droits des personnes Dominicaines d’origine haïtienne ont été victimes d’agressions, tant verbales que physiques, comme en témoignent de nombreux rapports sur la situation des droits humains. Par conséquent, dans certains cas, il a été nécessaire de demander à la CIDH des mesures de protection pour nos collègues. Même les Dominicains qui ne sont pas d’origine haïtienne et qui sont solidaires avec nous sont étiquetés comme des traîtres à la patrie. Ces expressions sont devenues plus courantes parce qu’elles n’ont pas été fermement condamnées par les autorités.

Lorsque nous descendons dans les rues pour sensibiliser l’opinion publique sur la question de la nationalité et du racisme, des contre-manifestations sont toujours organisées, sans que la police ne nous protège, si bien que ces groupes finissent en général par s’imposer, nous forçant ainsi à suspendre ou à mettre fin à nos activités. Ce fut le cas pour les activités que nous avons planifiées en l’honneur de George Floyd.

Depuis l’annonce de l’événement « une fleur pour Floyd », plusieurs groupes ultra-nationalistes ont commencé à nous menacer via notre page Facebook. Ils nous ont accusés de vouloir engendrer de la violence et de faire un boycott contre notre pays en important des problèmes qui ne nous concernent pas. L’ampleur des menaces était telle que de nombreuses personnes pensaient que nous n’allions pas pouvoir mener à bien cette activité. Quelques jours avant l’événement, le chef d’un de ces groupes anti-droits, Antigua Orden Dominicana, nous a menacés dans une vidéo dans laquelle il déclarait que si nous organisions cette activité, il y aurait un bain de sang, puisqu’elle était censée se dérouler au parc de l’Indépendance, dédié aux Pères de la Nation ; ce qu’ils ne permettraient pas.

L’activité organisée en l’honneur de George Floyd a bien eu lieu le 9 juin, et ces groupes étaient présents. Ce n’était pas la première fois qu’ils mettaient leur menace à exécution : en 2017, dans le cadre d’une activité que nous organisons chaque année, ils se sont également présentés, et nous avons eu affaire aux mêmes types de problèmes.

Le 9 juin, ces groupes ont agressé les militants qui manifestaient à ce moment-là, et lorsque la police est enfin intervenue, leur intervention s’est résumée à arrêter d’autres militants. À chaque fois que nous organisons une manifestation liée à la question de la nationalité et du racisme, l’État intervient pour nous réprimer.

De quel type de soutien auriez-vous besoin de la part de la société civile internationale et du mouvement antiraciste global ?

Nous estimons que nous faisons partie d’un mouvement mondial. On nous a souvent dit que le mouvement Black Lives Matter était né à la suite d’un événement qui avait eu lieu aux États-Unis, et qu’il ne nous concernait donc pas. Cependant, en tant que personnes vulnérables et stigmatisées, nous estimons qu’il s’agit d’un problème qui nous concerne directement, et que nous devons y faire face.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’un soutien accru pour faire connaître la situation actuelle dans notre pays. L’État n’a pas cessé de répéter qu’il n’y a pas d’apatrides dans notre pays, ni de racisme ou de xénophobie ; que tous les propos que nous tenons sont mensongers, et que nous sommes payés par des organisations de la société civile internationales pour nuire au pays. Ce que nous recherchons, c’est de la visibilité et de l’aide pour dénoncer les terribles réalités que vivent les Dominicains d’origine haïtienne. Nous n’avons pas assez de ressources pour faire connaître notre cause, et c’est la solidarité internationale qui nous permet de faire avancer nos luttes et de les faire connaître dans le monde entier.

Le soutien international est l’une des choses qui nous a permis d’aller de l’avant. Nous avons reçu le soutien de groupes de la diaspora dominicaine à New York. L’un d’entre eux, We Are All Dominican, nous soutient depuis 2013. Dans le contexte de la pandémie, il nous a aidés à garantir la nourriture et d’autres produits de première nécessité à plus de 250 familles pendant trois mois. Tout soutien est le bienvenu, qu’il s’agisse d’expressions de solidarité, de contributions à des actions de sensibilisation ou de protection des personnes défenseures des droits humains.

L’espace civique en République dominicaine est classé « rétréci » par le CIVICUS Monitor.
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