
Bijana Spasovska
En tant que directrice exécutive du Réseau de développement de la société civile des Balkans (BCSDN), je dirige une alliance régionale qui se consacre à la protection des libertés civiques et au renforcement du développement démocratique en Europe du Sud-Est. Depuis plus de 15 ans, je travaille à l'intersection de la politique, du plaidoyer et de l'action communautaire, élaborant des stratégies qui amplifient la participation publique, protègent les droits fondamentaux et relient les réalités locales aux conversations mondiales.
Sous ma direction, le BCSDN est devenu une voix de premier plan dans la politique d'intégration de l'UE et un moteur régional de l'engagement civique. J'ai mené des initiatives qui ont permis d'établir des partenariats transfrontaliers, de contrer les pressions autoritaires et de créer des opportunités significatives pour la participation des citoyens, même dans des environnements complexes et souvent controversés.
Mon point de vue est profondément marqué par les Balkans occidentaux, une région située en Europe mais en dehors de l'UE, où les progrès démocratiques sont souvent inégaux et où l'espace civique est soumis à une pression croissante. Cette expérience m'a appris à travailler au-delà des clivages : entre les institutions et les communautés, entre les besoins à court terme et la vision à long terme, et entre ce qui est politiquement possible et ce qui est moralement nécessaire.
Au niveau mondial, j'ai été coprésidente du Partenariat des OSC pour l'efficacité du développement et membre de la Norme mondiale pour la responsabilité des OSC. Je représente également la société civile en tant que membre honoraire du Comité économique et social européen (CESE) de l'UE, contribuant au dialogue entre la société civile organisée et les institutions de l'UE.
En 2024, j'ai participé au Fisher Family Summer Fellows Program au Center for Democracy, Development and the Rule of Law de l'université de Stanford, rejoignant ainsi une petite cohorte de leaders mondiaux promouvant l'innovation démocratique. Cette expérience a renforcé mon engagement en faveur de la transformation démocratique par le biais de l'intégrité, de la réflexion et du leadership collectif.
Je suis titulaire d'une maîtrise en études interdisciplinaires de l'université de Bologne et d'une licence en relations internationales de l'École des relations internationales et publiques de Prague, avec une expérience universitaire et pratique dans les domaines des transitions démocratiques, du développement et des droits humains.
J'apporte à mon travail un style de leadership basé sur la collaboration, l'empathie et la clarté stratégique. Que je travaille avec des réseaux locaux ou des institutions internationales, je m'efforce de créer des espaces d'apprentissage, de dialogue honnête et d'action collective. Je crois que le leadership ne consiste pas à se démarquer, mais à rendre des comptes aux gens, aux objectifs et aux générations futures. Ce qui me motive, ce n'est pas seulement l'importance du travail, mais aussi les personnes avec lesquelles je le fais, qui continuent d'agir avec courage, même lorsque les circonstances leur sont défavorables.
Si je suis élue au conseil d'administration de CIVICUS, j'apporterai à la fois une expérience régionale pratique et une solide perspective mondiale. Je m'engage à renforcer CIVICUS en tant que plateforme de plaidoyer, de solidarité et de co-création, en particulier pour les acteurs de la société civile qui travaillent sous pression ou en marge. Je crois que l'avenir de l'espace civique dépend de la manière dont nous dirigeons aujourd'hui : avec humilité, courage et un engagement commun en faveur de la justice et de la dignité pour tous.
- Quelle est votre citation préférée d'une personne qui vous inspire ?
Il a été difficile de choisir, mais mes deux préférés capturent l'essence de mon système de croyances :
« Le bonheur de votre vie dépend de la qualité de vos pensées. »
- Marc Aurèle, Méditations
« On ne peut aspirer à construire un monde meilleur sans améliorer les individus. Pour ce faire, chacun d'entre nous doit travailler à sa propre amélioration et, en même temps, partager une responsabilité générale pour l'ensemble de l'humanité. »
- Marie Curie
Ces deux citations reflètent l'interaction entre la discipline intérieure et la responsabilité extérieure qui définit ma façon de vivre et de diriger. Les mots de Marie Curie me rappellent que la construction d'un monde meilleur commence par nous-mêmes, mais ne s'arrête pas là. Chacun d'entre nous a le devoir de grandir, d'évoluer et de partager la responsabilité des communautés et des sociétés dont il fait partie.
Marc Aurèle, à son tour, me rappelle que ce voyage commence par la qualité de nos pensées, notre capacité à garder les pieds sur terre, notre intention et notre ouverture d'esprit. La manière dont je choisis de penser - aux défis, aux personnes et aux objectifs - détermine non seulement ma façon de diriger, mais aussi ma façon de vivre. Que ce soit au travail, dans mes relations amicales ou avec mes enfants, je crois que l'état d'esprit avec lequel nous abordons chaque moment - fondé sur la clarté, l'empathie et la réflexion - détermine tout ce qui nous entoure. Ensemble, ces idées reflètent ma conviction qu'un leadership significatif est autant une réflexion intérieure qu'une responsabilité extérieure : il s'agit de s'améliorer pour mieux servir.
- Quelles sont les compétences dont vous êtes le plus fier ou celles que vous aimeriez acquérir ?
Ce dont je suis le plus fière, c'est de ma capacité à instaurer la confiance et à diriger en collaboration, en particulier dans des environnements complexes et souvent polarisés. J'ai appris à écouter attentivement, à agir avec empathie et à tenir compte des différentes voix tout en avançant de manière décisive vers des objectifs communs. Ces compétences m'ont non seulement aidée à nouer des liens avec des personnes issues de secteurs et de milieux différents, mais elles m'ont également permis de diriger avec intention et intégrité.
Ce que je veux continuer à développer, ce sont les compétences qui aident la société civile à rester pertinente et résiliente dans un monde en évolution rapide, en particulier en ce qui concerne la communication stratégique, l'organisation numérique et l'utilisation éthique de la technologie. Je crois que l'apprentissage est une responsabilité qui dure toute la vie, et je m'engage à évoluer de manière à renforcer les écosystèmes auxquels je contribue.
- Quelle est votre vision de la société civile ?
Ma vision est celle d'une société civile dynamique, indépendante et digne de confiance, enracinée dans les réalités locales mais connectée à l'échelle mondiale. C'est une force qui protège les droits, défend les libertés et réimagine l'avenir démocratique avec courage et créativité. À une époque où les défis sont complexes, la société civile doit être un acteur stratégique, axé sur les objectifs, qui permet aux gens de s'exprimer, d'agir et de rêver au-delà des contraintes. Ancrée dans la solidarité et mue par l'action collective, elle doit unir les communautés, demander des comptes au pouvoir et offrir de l'espoir là où les institutions échouent, en canalisant l'énergie civique vers la justice, la dignité et le changement durable.
- Quelles leçons avez-vous tirées d'un échec ?
L'échec m'a appris que le progrès est rarement linéaire et que la résilience, la réflexion et l'humilité sont essentielles pour un leadership significatif. J'ai appris à considérer l'échec non pas comme un revers, mais comme une révélation : une occasion de s'adapter, d'écouter plus attentivement et de se réaligner sur l'objectif. Certaines des leçons les plus durables sont tirées de situations où les résultats ne sont pas ceux escomptés. Ces situations ont accru ma patience, aiguisé mon jugement et m'ont rappelé que ce qui sous-tend un véritable changement n'est pas seulement une stratégie, mais aussi la conscience de soi, la collaboration et un sens de l'objectif qui perdure au-delà de tout résultat.