L'alliance mondiale de la société civile CIVICUS salue la décision du président burundais de revoir les restrictions imposées à la liberté des médias et aux droits des journalistes. Les décrets en cours d'examen, qui comprennent l'abolition des peines de prison et d'autres mesures pour un espace médiatique ouvert et libre, devraient être promulgués immédiatement. Les personnes injustement emprisonnées doivent être libérées immédiatement.
Après une période d'impunité totale pour les répressions violentes entre 2015 et 2019, les réformes proposées ont peu d'impact sur le terrain. Par exemple, la Cour suprême du Burundi a récemment rejeté le recours de la journaliste Floriane Irangabiye, injustement emprisonnée, et a confirmé la décision de la condamner à dix ans de prison. Elle reste en prison pour "atteinte à l'intégrité de la nation".
"La proposition de réviser et d'éliminer les décrets répressifs est un pas dans la bonne direction. Cependant, les autorités devraient accélérer le processus de modification de toutes les lois sur la presse qui entravent la liberté et la pluralité des médias. Elles devraient réglementer les pouvoirs du Conseil national de la communication afin de protéger et de promouvoir les libertés des médias. C'est essentiel pour garantir le droit à la liberté d'expression et à l'accès à l'information pour tous les Burundais", déclare Paul Mulindwa, responsable du plaidoyer et des campagnes de CIVICUS.
Une fois adoptée, la réforme inversera les tactiques brutales appliquées par le défunt ancien président Nkurunziza. Au cours de cette période, la société civile indépendante et les médias ont été attaqués sans relâche, tués, disparus, emprisonnés et menacés. Des dizaines de défenseurs des droits humains et de journalistes ont fui le pays. Beaucoup d'entre eux sont toujours en exil aujourd'hui.
Cette révision, dans laquelle les peines de prison seront remplacées par des amendes, est conforme aux propositions et aux promesses faites par le président Évariste Ndayishimiye dans son discours d'investiture. Afin de consolider certaines de ces évolutions positives, le gouvernement doit maintenant consulter toutes les parties prenantes sur la révision et la modification des lois qui continuent à restreindre les libertés fondamentales.
Outre les lois répressives, les opérations de la ligue paramilitaire de la jeunesse et de la sécurité, Imbonerakure, sont largement critiquées pour entraver les droits constitutionnels des journalistes et des médias. En raison de ces lois répressives et de ces tactiques brutales, le gouvernement conserve le pouvoir d'arrêter et de détenir tout journaliste à sa discrétion.
CIVICUS appelle le gouvernement du Burundi à ;
1. Cesser toute intimidation, tout harcèlement et toute attaque contre les médias et les journalistes pour avoir publié des informations critiques à l'égard du gouvernement. Permettre à tous les journalistes de travailler librement.
2. Modifier toutes les dispositions restrictives des lois sur la presse en consultation avec les médias, les journalistes et la société civile. Toutes les lois doivent être conformes aux mécanismes et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits humains.
3. Libérer immédiatement les journalistes et les militants de la société civile détenus à tort en raison de lois répressives, y compris Floriane Irangabiye.
4. Créer un environnement de travail propice au partenariat et au dialogue dans tous les secteurs, entre le gouvernement, les organes de presse et les journalistes, afin de promouvoir et de protéger la liberté des médias.