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  • COP26 : « Face à la pression de la base, nous devons répondre par une action climatique équitable »

    À la veille de la 26ème Conférence des Parties des Nations Unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.

    CIVICUS s’entretient avec Caroline Owashaba, chef d’équipe d’Action for Youth Development Uganda et coordinatrice bénévole de l’Alliance Girls Not Brides en Ouganda.

    Caroline Owashaba

    Quel est le problème environnemental de votre pays sur lequel vous travaillez ?

    Un problème majeur en Ouganda est l’utilisation de grandes quantités de sacs en plastique à usage unique, qui ont des effets extrêmement néfastes sur l’environnement. Les sacs en plastique mettent de nombreuses années à se décomposer ; ils libèrent des substances toxiques dans le sol et, lorsqu’ils sont brûlés, dans l’air ; ils bouchent les canalisations et peuvent provoquer des inondations ; et ils tuent les animaux qui les mangent, en les prenant pour de la nourriture ou en s’y empêtrant.

    Une mesure visant à interdire la fabrication, la vente et l’utilisation des sacs en plastique a été adoptée en 2018, mais les fabricants ont exercé un lobbying intense pour obtenir un délai supplémentaire avant l’entrée en vigueur de l’interdiction, si bien que la mise en œuvre a été lente et largement inefficace. Ainsi, début 2021, le gouvernement a décidé de mettre en œuvre de nouvelles mesures allant dans le même sens, ainsi qu’un ensemble plus large de mesures environnementales.

    Alors que le gouvernement s’efforce de faire respecter l’interdiction des sacs en plastique à usage unique, nous travaillons sur une initiative visant à produire des matériaux alternatifs, écologiques et biodégradables. Il est urgent de le faire, car à l’heure actuelle, si l’interdiction des sacs en plastique était réellement appliquée, l’offre d’emballages biodégradables ne serait pas du tout suffisante.

    Action for Youth Development Uganda (ACOYDE) développe un projet appelé CHACHA (Children for Alternative Change), qui utilise la fibre de banane pour fabriquer une variété d’articles utiles tels que des napperons et des sets de table, des oreillers, des articles de décoration intérieure et, bien sûr, des sacs. Les déchets générés par l’extraction de la fibre de banane et la fabrication de ces articles sont recyclés pour produire des briquettes de charbon de bois de haute qualité que les jeunes et les femmes participant au projet utilisent comme source de chaleur à la fois chez eux et sur leur lieu de travail, réduisant ainsi la consommation de carburant tout en augmentant le revenu de leur foyer.

    Toute la communauté participe au processus de production, car elle fournit les tiges de bananes. Et le projet permet aux jeunes, notamment aux jeunes femmes, de soutenir leur famille. Nous avons des possibilités d’expansion, car l’émergence des éco-hôtels a créé une plus grande demande de produits durables.

    Quel lien entretenez-vous avec le mouvement international pour le climat ?

    Nous avons établi des liens avec le mouvement international par le biais d’échanges régionaux sur le changement climatique, tels que la Semaine africaine du climat, et dans le cadre du Climate Smart Agriculture Youth Network (CSAYN). Nous suivons également les discussions du groupe des pays les moins avancés (PMA) sur l’adaptation, l’atténuation et le financement.

    Cela a également fonctionné dans l’autre sens : ACOYDE a soutenu les efforts visant à intégrer au droit national le cadre climatique international et a fait pression en faveur du projet de loi national sur le changement climatique, qui a été adopté en avril 2021. Cette initiative a donné force de loi à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et à l’Accord de Paris, dont l’Ouganda est signataire. Ensuite, nous avons travaillé à faire appliquer la loi au niveau local. Il est essentiel que la législation soit effectivement mise en œuvre au niveau local, car elle nous aidera à surmonter les injustices du changement climatique dans nos communautés.

    Nous nous connectons également au mouvement climatique plus large dans une perspective de genre. Je m’intéresse personnellement aux intersections entre le genre et le changement climatique. Lors des précédentes COP, j’ai pu contribuer au Plan d’action sur le genre (PAG), qui a orienté et influencé les questions de genre et de jeunesse dans les processus de négociation de la CCNUCC. J’ai participé à des discussions sur l’avancement du PAG en ce qui concerne l’équilibre entre les sexes, la cohérence, la mise en œuvre sensible au genre, le suivi et les rapports. J’ai également participé activement au groupe de travail national sur le genre de l’Ouganda et à d’autres processus nationaux sur le changement climatique afin d’assurer l’intégration au niveau national des normes et des financements mondiaux en matière de genre, conformément à l’Accord de Paris, notamment en rendant compte de la mise en œuvre des dispositions du PAG en Ouganda.

    Quelles sont vos attentes pour la COP26 ?

    La COP26 devrait offrir des espaces pour porter les questions de genre au niveau mondial et offrir plus de possibilités de discussion. Elle devrait accroître la participation des femmes, entreprendre l’intégration de la dimension de genre et assurer la mise en œuvre du PAG. Elle devrait contribuer à amplifier la voix des femmes dans les négociations sur le changement climatique. Les femmes font une grande partie du travail au niveau de la base, mais elles reçoivent très peu en retour, non seulement parce que très peu de revenus parviennent à leurs poches, mais aussi parce qu’elles restent sous-représentées et que leurs voix ne sont donc pas entendues.

    Les forums internationaux tels que la COP26 doivent fournir des espaces pour la participation de la base et, en réponse à ces pressions de la base, doivent développer des interventions fortes pour une action climatique juste qui respecte les droits humains, y compris les droits des peuples autochtones et la promotion de l’égalité des sexes. 

    L’espace civique enOuganda est classé« réprimé »par leCIVICUS Monitor.
    Contactez Action for Youth Development Uganda via leursite webet leur pageFacebook. 

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