Conseil des droits de l'homme des Nations unies - 56ème session
Dialogue interactif avec le rapporteur spécial sur le Burundi
Prononcé par Sigrid Lipott
M. le Président.
CIVICUS et les organisations indépendantes de la société civile burundaise saluent l'important travail du rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Burundi.
La situation des droits de l'homme au Burundi a continué à se dégrader. Malgré quelques signaux favorables l’environnement reste très hostile pour les journalistes. De nombreux journalistes burundais continuent de s'exiler, une culture de la peur s'est instaurée, entraînant l'autocensure et des représailles contre les dissidents politiques, les professionnels des médias et les organisations de la société civile. Ceux qui ont tenté de revenir ont été réduits au silence ou harcelés, notamment Floriane Irangabiye, qui purge toujours sa peine de 10 ans de prison pour "atteinte à la sécurité intérieure du territoire national".
La suppression de la société civile, fondée sur une loi de 2017 sur les organisations non gouvernementales étrangères incompatible avec les obligations de l'État en matière de droits de l'homme, continue de restreindre le travail des OSC au Burundi. Les activités des militants anticorruption et des défenseurs des droits de l'homme ont été limitées par de nombreuses restrictions qui comprennent des entraves à leur indépendance, le harcèlement, l'intimidation et les représailles contre les acteurs de la société civile, tandis que les membres du CNDD-FDD, des Imbonerakure ou du Service national de renseignement continuent en toute impunité de commettre des violations des droits de l'homme afin d'empêcher la diffusion d'informations jugées "sensibles" par les autorités.
A la veille des élections, nous demandons instamment aux autorités burundaises de respecter pleinement les normes des droits de l'homme relatives à la liberté d'expression et d'association, de libérer les défenseurs des droits de l'homme en détention, de créer un environnement sûr et propice au travail des journalistes, à l'abri des intimidations et des représailles. Nous demandons au gouvernement du Burundi de revoir et de modifier les lois sur les médias et les organisations à but non lucratif, afin qu'elles soient conformes aux normes internationales.
Je vous remercie.