Le 17 octobre, 14 nouveaux États membres ont été élus au Conseil des droits de l'homme, comprenant 47 États membres, pour le mandat 2020-2022.
Parmi eux, onze États ont été classés comme ayant un espace civique "rétréci" ou pire par le Monitor CIVICUS, une plate-forme qui suit l'état des libertés de la société civile dans le monde entier.
Dans le groupe régional Amérique latine et Caraïbes, le Brésil et le Venezuela, respectivement considérés comme "obstrué" et "réprimé", ont été élus lors d'un scrutin tripartite avec le Costa Rica, qui est considéré comme "ouvert". Nous regrettons que les États n'aient pas saisi l'occasion offerte par la candidature tardive du Costa Rica pour renforcer le Conseil des droits de l'homme, ce qui ne peut se faire que par une adhésion déterminée à coopérer avec ses mécanismes et à défendre ses objectifs et valeurs.
Depuis l'arrivée au pouvoir de l'actuel gouvernement brésilien en 2018, le pays a connu une augmentation de la rhétorique violente et, au cours de l'année écoulée, une réduction de la protection des droits humains et une remise en cause des mécanismes du Conseil des droits de l'homme. Cela est bien loin du comportement que tout membre du Conseil devrait adopter, et nous sommes particulièrement préoccupés par la réélection du Brésil étant donné son influence dans la région et au-delà.
Il y a tout juste un mois, un rapport présenté à la 42ème session du Conseil des droits de l'homme par le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme faisait état de violations graves des droits humains par le gouvernement vénézuélien, notamment des arrestations arbitraires, des tortures et des exécutions extrajudiciaires. Néanmoins, 105 États membres de l'Assemblée générale des Nations Unies ont voté pour l'adhésion du Venezuela au Conseil. L'élection du Brésil et du Venezuela par les États membres de l'ONU aux dépens du Costa Rica mine gravement les engagements du Conseil des droits de l'homme.
La Namibie ("rétréci"), la Libye ("fermé"), la Mauritanie ("réprimé") et le Soudan ("fermé") ont remporté les quatre sièges disponibles pour le groupe Afrique. Le Bénin s'est également présenté aux élections. Nous exhortons le gouvernement de transition du Soudan à prendre des mesures pour que les auteurs de violations des droits humains commises dans le passé répondent pleinement de leurs actes et à saisir cette occasion pour jouer un rôle plus constructif au sein de la communauté internationale en tant que défenseur des droits humains, étant donné sa position stratégique dans la Corne de l'Afrique. Les graves violations des droits humains qui continuent d'être commises en Libye la rendent inapte à l'adhésion et nous demandons instamment au Conseil des droits de l'homme d'indiquer clairement que l'adhésion ne l'empêche pas d'être soumise à un examen international permanent.
L'Arménie ("obstrué") et la Pologne ("rétréci") ont remporté les deux sièges disponibles du Groupe des États d'Europe orientale, élus au détriment de la République de Moldavie ("obstrué"). Dans le Groupe Asie-Pacifique, l'Indonésie ("obstrué"), le Japon ("rétréci"), les Îles Marshall ("ouvert") et la République de Corée ("rétréci") ont remporté les quatre sièges disponibles au détriment de l'Irak, qui s'était également présentée aux élections. Nous exhortons ces nouveaux États membres à profiter de leur élection au Conseil des droits de l'homme pour renforcer leur engagement en faveur des droits humains et de l'espace civique.
L'Allemagne ("ouvert") et les Pays-Bas ("ouvert") occupent les sièges restants du Groupe des États d'Europe occidentale et des autres Groupes, sans opposition.
L'élection d'un si grand nombre d'États dont le bilan en matière de libertés civiques est déplorable signifie que l'engagement de la société civile au Conseil lui-même est encore plus vital, pour que les gens puissent se faire entendre au niveau international, ce qui leur est refusé au niveau national. Nous demandons instamment au Conseil des droits de l'homme de protéger et de renforcer la place de la société civile au sein de toutes les institutions multilatérales.
CIVICUS se réjouit de travailler avec les délégations à Genève qui partagent notre vision et celle de nos membres, des droits humains universels. Nous continuerons à travailler avec la société civile dans chaque État membre pour renforcer l'espace civique sur le terrain et pour demander des comptes aux États qui cherchent à réprimer la voix de la société civile.