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MALI : « La société civile exige un retour à l’ordre constitutionnel par le biais d’élections libres »

Mali flagsCIVICUS échange sur la répression croissante des libertés civiques et politiques et la consolidation du pouvoir de la junte militaire au Mali avec un militant de la société civile qui, pour des raisons de sécurité, a préféré rester anonyme.

Comment les droits humains et les libertés civiques ont-ils empiré sous la junte militaire ?

Depuis le coup d’État d’août 2020 et l’arrivée des militaires au pouvoir, les droits humains et les libertés civiques ont empiré de manière significative. Les autorités militaires ont interdit les marches pacifiques que les gens utilisent souvent pour revendiquer des droits et exprimer des opinions politiques. Cette interdiction porte atteinte aux droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, essentiels dans une société démocratique.

Les autorités militaires ont également dissous plusieurs associations et partis politiques, ce qui porte atteinte à la liberté d’association et limite la diversité des voix politiques. Un exemple notable est la dissolution de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko, un dirigeant politique très influent, accusé de conspirer pour déstabiliser le régime. Les inquiétudes concernant la suppression des voix critiques et de l’opposition se sont accrues lorsque le régime a récemment suspendu les activités de tous les associations politiques, privant ainsi les citoyens de leur droit fondamental de participer à la vie politique et de faire entendre leur voix.

Dans l’ensemble, ces actions répressives reflètent une trajectoire autoritaire qui fait reculer les acquis démocratiques antérieurs et compromet la stabilité politique et sociale.

Quels obstacles la société civile rencontre-t-elle dans l’accomplissement de ses rôles ?

Tous les obstacles auxquels la société civile est confrontée se sont accrus sous le régime militaire.

Tout d’abord, il existe un discours anti-société civile qui vise spécifiquement les organisations de la société civile (OSC) qui dénoncent les dérives du pouvoir militaire. Cette diffamation rend difficile pour la société civile de mener ses actions de plaidoyer et de contrôle citoyen de manière efficace et en toute sécurité.

Ensuite, après la suspension des financements provenant de la France, les autorités militaires ont renforcé les lois régissant les OSC, imposant des procédures administratives complexes et des contraintes bureaucratiques. Cela a entravé la capacité des OSC à obtenir les ressources financières dont elles ont besoin pour mener à bien leur travail.

Malgré les obstacles et les ressources limitées, les OSC continuent à faire leur travail. Elles s’organisent du mieux qu’elles peuvent pour dénoncer la situation, sensibiliser à l’importance d’une société civile active et engagée, et renforcer la voix de la société civile. Elles sont un véritable exemple de résilience et de détermination.

Comment la société civile défend-elle l’espace civique et des droits humains ?

Dans un contexte de plus en plus difficile où l’étau se resserre chaque jour sur la société civile, le plaidoyer pour l’espace civique et des droits humains sont confrontés à de nombreux défis. Les autorités instrumentalisent souvent la justice pour réprimer l’action de la société civile.

Face à la répression croissante, de nombreuses voix de la société civile ont été réduites au silence, soit par la menace, soit par la contrainte. La répression a également créé un climat de méfiance qui rend difficile l’organisation et la mobilisation. Beaucoup de figures éminentes de la société civile ont été contraintes de quitter le Mali pour trouver un refuge sûr où elles peuvent continuer à plaider en faveur du retour de la démocratie.

Malgré ces obstacles, certains efforts de collaboration persistent. Les organisations et les activistes qui restent au Mali cherchent des moyens de renforcer leur résilience et leur capacité à agir ensemble, notamment par le biais de réseaux de soutien mutuel, de coalitions informelles et de partenariats avec des organisations internationales partageant les mêmes objectifs.

Dans l’ensemble, la société civile fait face à des défis sans précédent, mais elle continue à lutter pour défendre les valeurs démocratiques et les droits fondamentaux, même dans un environnement hostile et répressif.

Que faut-il faire pour restaurer la démocratie au Mali ?

Pour restaurer la démocratie, il est essentiel de revenir à l’ordre constitutionnel en organisant des élections libres. C’est la principale revendication de la société civile malienne.

Des élections libres impliquent la mise en place d’un processus électoral équitable, inclusif et transparent, incluant des garanties de respect des libertés fondamentales d’association, d’expression et de réunion pacifique.

La restauration de la démocratie nécessite aussi des réformes institutionnelles et politiques visant à renforcer les institutions démocratiques et l’État de droit, à promouvoir la reddition de comptes et à lutter contre la corruption.

La société civile demande également la fin immédiate de la répression et des atteintes aux libertés fondamentales et les droits humains. Les autorités doivent écouter et engager un dialogue inclusif pour trouver des solutions aux défis politiques et sociaux auxquels le pays est confronté.

De quel soutien la société civile malienne a-t-elle besoin de la part de la communauté internationale ?

La société civile malienne se sent abandonnée par les grandes organisations internationales, bien qu’elle reconnaisse les efforts qu’elles ont déployés dans le passé. Actuellement, la société civile constate un manque d’action pour exercer une pression efficace sur le pouvoir en place au Mali.

Les organisations sous-régionales telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) devraient jouer un rôle crucial dans la résolution de la crise politique au Mali. Cependant, les autorités maliennes ont récemment décidé de se retirer de cette organisation pour éviter des sanctions, ce qui a affaibli l’efficacité de la pression que la CEDEAO peut exercer. La société civile malienne appelle la CEDEAO à maintenir la pression sur la junte militaire et à ne pas abandonner le peuple malien en ce moment critique. De même, la société civile malienne interpelle les Nations Unies pour qu’elles exercent également une pression sur la junte militaire afin qu’elle respecte ses engagements envers la démocratie et les droits humains.

En outre, les OSC maliennes ont besoin d’un soutien concret, y compris un soutien financier pour renforcer leurs capacités organisationnelles et opérationnelles, ainsi qu’un soutien diplomatique pour faire entendre leurs revendications au niveau international.

La société civile malienne reconnaît l’importance du soutien de la communauté internationale et appelle à une action plus forte de la part des organisations régionales et internationales pour soutenir les aspirations démocratiques du peuple malien.


L’espace civique au Mali est classé « réprimé » par le CIVICUS Monitor.

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