NATIONS UNIES : « L’adoption d’un Traité sur la haute mer solide serait véritablement historique »

EllieHooperCIVICUS échange avec Ellie Hooper de Greenpeace Aotearoa sur le rôle de la société civile dans les négociations en cours en vue de l’élaboration d’un Traité des Nations Unies sur la haute mer. Greenpeace est un réseau mondial d'activisme environnemental comprenant 26 organisations nationales et régionales indépendantes dans plus de 55 pays sur tous les continents, ainsi qu’un organe de coordination, Greenpeace International, basé à Amsterdam, aux Pays-Bas. A travers des manifestations pacifiques et des communiqués créatifs, le réseau dénonce les problèmes environnementaux autour du monde et promeut des solutions permettant de créer un avenir vert et pacifique. 

Quelle est l’importance du Traité proposé sur la haute mer ?

Un Traité mondial solide sur la haute mer pourrait transformer la manière dont les océans sont gérés, en mettant fin à une gouvernance fragmentée qui n’a pas réussi à protéger notre planète bleue comme il se doit.

S’il est bien conçu, le Traité sur la haute mer pourrait notamment permettre la création de zones marines entièrement protégées en haute mer. Ces zones seraient interdites aux activités humaines destructrices telles que la pêche industrielle et l’exploitation minière. À l’heure actuelle, il n’existe aucun mécanisme juridique permettant de créer des zones entièrement protégées en dehors des juridictions nationales, ce qui est devenu un véritable problème. L’océan est confronté à de nombreuses menaces et, pour le protéger, nous devons adopter une vision globale qui tienne compte de ces multiples facteurs de risque.

L’adoption d’un Traité solide serait véritablement historique. Les scientifiques nous disent que pour éviter les pires effets de la crise du climat et de la biodiversité, nous devons protéger au moins un tiers des océans du monde d’ici 2030. Un traité solide nous donnerait le mécanisme pour y parvenir. L’océan est un énorme puits de carbone et a absorbé une grande partie du réchauffement climatique jusqu’à présent. Il abrite également une immense biodiversité, produit l’oxygène que nous respirons, stabilise le climat et constitue une source de nourriture pour des millions de personnes dans le monde.

En bref, la santé des océans est essentielle à notre survie et au fonctionnement de notre planète bleue. Mais de plus en plus de recherches montrent que celle-ci est en déclin. Pour inverser cette tendance, nous devons prendre l'initiative de protéger les océans en réduisant les multiples pressions sur son écosystème.

Il a été scientifiquement démontré que la création de zones marines entièrement protégées est l’un des meilleurs outils dont nous disposons pour aider l’océan à se rétablir et à prospérer. Lorsque cela se mène dans des zones pertinentes, c'est-à-dire celles qui sont reconnues pour leur grande biodiversité, pour leurs routes migratoires ou pour leurs écosystèmes uniques, la santé des océans s’améliore et la vie marine s’épanouit. Cela a des répercussions positives sur tous les plans, y compris le nombre de créatures marines et la capacité de l’océan à absorber le carbone.

Pourquoi le processus d’élaboration du Traité a-t-il pris si longtemps ?

Il s’agit d’un effort de conservation extrêmement ambitieux. Pour qu’un traité soit adopté, il faut que les pays du monde entier en acceptent les termes, ce qui n’est pas une affaire facile.

Bien qu’il soit décevant que les dirigeants ne soient pas parvenus à une conclusion sur ce point lors du dernier cycle de négociations qui s’est tenu en août, cela ne signifie pas qu’un accord ne sera pas conclu. Lors de la dernière réunion, de nombreux progrès ont été réalisés, les pays faisant preuve de plus de souplesse et d’un réel sentiment d’urgence. Le temps a manqué, mais nous ne perdons pas espoir que cet accord historique se profile à l’horizon. Il ne reste maintenant qu'à amener les États à se réunir sans tarder et à résoudre leurs derniers désaccords.

Comment la société civile en général, et Greenpeace en particulier, ont-ils plaidé en faveur du Traité ?

La société civile a exercé une forte pression en faveur de ce Traité, et de nombreuses organisations dans le monde entier ont fait pression pour qu'il se concrétise dans sa meilleure version.

Depuis le début, Greenpeace a participé activement au processus d'élaboration du Traité. Une équipe a été envoyée à chaque cycle de négociations et une campagne mondiale de sensibilisation aux menaces qui pèsent sur les océans et à la manière dont un traité pourrait les contrer a été menée. Notre approche est double : il s'agit de construire une opinion publique favorable au traité tout en effectuant le travail en coulisses, en parlant aux ministres et autres fonctionnaires dans toutes les régions où nous sommes actifs.

En conséquence, des millions de personnes à travers le monde ont rejoint la campagne pour un traité solide. Cela s'est fait de diverses manières, que ce soit en signant des pétitions, en envoyant des lettres, en enregistrant des messages vidéo ou en participant à des manifestations. De nombreuses personnes à travers le monde sont investies dans cette question et leur engagement a été essentiel pour aller aussi loin.

Pour nous, à Greenpeace Aotearoa, c’est une source d’inspiration de voir le nombre de personnes prêtes à défendre la protection des océans, et nous savons que leurs voix ont été entendues. Leurs appels fréquents aux dirigeants néo-zélandais demandant à ce qu’ils soutiennent un traité plus fort ont amené la Nouvelle-Zélande à soutenir une position beaucoup plus progressiste lors des négociations. C’est vraiment le pouvoir du peuple en action. Lorsque nous travaillons ensemble, nous pouvons faire bouger les choses.

Nous avons également rencontré régulièrement la délégation néo-zélandaise pour la négociation du Traité, ainsi que le ministre des Affaires étrangères, et nous communiquons constamment avec eux sur la forme que doit prendre ce Traité afin de protéger effectivement les océans pour les générations futures.

Que peuvent faire les organisations et les activistes de la société civile pour que le Traité soit adopté ?

Il est urgent de reprendre les négociations du Traité. Lors du dernier cycle, les pays n’ont pas eu le temps de se mettre d’accord sur toutes les modalités du Traité, mais ils y sont presque. Il appartient donc aux organisations et aux militants de la société civile de continuer à exercer de la pression sur les dirigeants mondiaux pour qu’ils donnent la priorité à la reprise des négociations et à l’adoption du Traité. Nous ne voulons pas que cette question soit reléguée au bas de l’ordre du jour - elle est tout simplement trop importante.

En termes plus pratiques, il est essentiel de continuer à attirer l'attention sur la nécessité de ce Traité. Cela peut se traduire par le partage de contenus en ligne, la signature de pétitions ou l’envoi d’un courrier au ministre des Affaires étrangères de votre pays pour lui faire part de l’importance de l’adoption de ce Traité. Aucun d’entre nous ne peut survivre sans un océan sain, nous devons donc tous nous mobiliser pour le protéger.


Prenez contact avec Greenpeace Aotearoa via son site Web ou sa page Facebook, et suivez @GreenpeaceNZ et @EleanorRowena sur Twitter.

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