Dialogue sur la protection des jeunes dans l'espace civique

La Conférence mondiale de haut niveau des Nations Unies sur les processus de paix intégrant les jeunes

High Level Global Conference on 2En janvier de cette année, Mihajlo Matković, membre de l'équipe d'Action Jeunesse de CIVICUS, a participé à la Conférence mondiale de haut niveau de l'ONU sur les processus de paix inclusifs pour les jeunes et a animé l'une des sessions. L’objectif de la conférence mondiale était d’ obtenir des engagements nationaux en faveur d’une mise en oeuvre non sexiste  de l'agenda de la paix et de la sécurité des jeunes (YPS) au niveau national , et de renforcer la volonté politique et l'engagement en faveur de l'inclusion des jeunes dans les processus de paix, en mettant particulièrement l’accent sur les jeunes femmes.

La session animée par Mihajlo portait sur l'un des cinq thèmes - Moving Beyond Words (Plus que des paroles) - lié au thème général Intergenerational Trust  (confiance intergénérationnelle), et abordait des questions telles que : où en sommes-nous dans la mise en oeuvre des trois résolutions sur la jeunesse, la paix et la sécurité (Youth, Peace and Security, ou YPS) dans la réalité, en particulier pour les jeunes femmes ? L’accent a été mis  sur des discussions orientées vers l'action, axées sur l’opérationnalisation au niveau des pays, la coopération régionale et l'affectation de ressources à l'agenda YPS dans une perspective de genre.

Suite à la publication de "Si je disparais", le tout premier rapport mondial sur la protection des jeunes dans les espaces civiques (disponible en anglais), cette session particulière visait à explorer les moyens de renforcer les mécanismes de protection des jeunes artisans de la paix et des jeunes défenseurs des droits humains dans le monde entier. Cette session a tenté de démontrer l'importance, la possibilité et la nécessité d'un contrat social renouvelé et plus fort entre les gouvernements, les organisations de la société civile (OSC) et les jeunes artisans de la paix sur le front. 

Dans un entretien accordé à l'équipe de CIVICUS Youth, Mihajlo explique certains éléments fondamentaux de sa participation à cet espace et ce que sa participation a représenté pour lui.

Questions et réponses

1) En tant que jeune, que signifie pour vous le fait de pouvoir animer un panel de haut niveau ? Quel rôle joue, selon vous, la création d'espaces intergénérationnels ? 

Le fait d'avoir été présent tout au long de la phase de planification, d'avoir participé à la définition de la structure de la conversation, d'avoir proposé des intervenants potentiels et d'avoir préparé certaines questions directrices, ainsi que d'avoir écrit moi-même le script de modération, m'ont donné un sentiment d'estime et de pertinence. Après 5 ans d'expérience avec les OSC dans le domaine de la jeunesse, j'ai le sentiment que mes efforts et mon engagement sont reconnus par un organe très important. Cela a renforcé ma confiance en moi, mais au-delà de cela, j'ai constaté qu'il y a des personnes qui savent nous écouter et qui apprécient les expériences uniques que nous apportons. C'est encore mieux quand il s’agit de quelqu'un qui peut faire la différence, apporter le changement souhaité et assurer la sécurité des jeunes. C'est comme un rêve devenu réalité. C'est pourquoi un dialogue intergénérationnel respectueux et sans préjugés, sans discriminations liées à l’âge ni récriminations, est aujourd’hui plus important que jamais et peut ouvrir de nouvelles possibilités de coopération.

2) Comment avez-vous perçu votre rôle dans l'organisation de la conversation et la promotion d'une meilleure compréhension entre les décideurs et les jeunes artisans de la paix concernant leurs besoins de protection ? 

En tant que modérateur, il faut tenir compte de la diversité de tous les participants, depuis leur expertise et leurs antécédents jusqu’au niveau de confort dont ils ou elles ont besoin, aux contraintess de temps, à l'ordre des intervenants, à l’adaptation des questions, au contrôle de tous les participants en coulisses et à leur soutien dans la préparation, etc. En outre, il faut garder à l’esprit les changements soudains à tout moment, car on ne sait jamais quel imprévu peut survenir, il faut donc s’adapter rapidement et être flexible. Ainsi, mon rôle consistait à faire ressortir le meilleur de chaque orateur tout en permettant la spontanéité de la conversation et en catalysant les idées collectives.

3) Qu'est-ce qui vous a donné de l'espoir pour ce dialogue ? 

Lorsque j'ai interviewé les jeunes orateurs en amont pour connaître leur histoire et les sujets qu'ils aimeraient aborder - j'ai réalisé que chacun d'entre eux avait une histoire de vie étonnante, unique et pertinente qui devait être entendue par ces participants de haut niveau. J'ai immédiatement eu le sentiment que leurs histoires pouvaient contribuer à motiver les décideurs à prendre l'engagement et à s'engager à résoudre les problèmes de sécurité auxquels les jeunes sont confrontés. Il en va de même pour les autres États membres, qui témoignent des mesures concrètes et précises qu'ils mettent en œuvre sur le terrain pour faire avancer l’agenda de la protection de la jeunesse. 

4) Qu'est-ce qui vous a frustré dans ce dialogue ? 

La session que je animée durait une heure et je me suis senti un peu agacé par le fait que nous ayons trois jeunes intervenants, trois femmes vraiment étonnantes qui partagent leurs expériences, et quatre fonctionnaires de haut niveau qui étaient censés réfléchir à leurs arguments et faire une sorte de serment "d'aller au-delà des paroles" sur ces sujets en très peu de temps. Compte tenu du nombre de participants et du temps limité, il me semblait presque impossible de s'engager de manière significative et pertinente et je me suis senti inquiet à partir du moment où j'ai dit "oui" à cette expérience, tant au niveau de l'organisation que de la modération. Je pense qu'un véritable engagement et une véritable discussion nécessiteraient probablement plus de temps et une conversation plus profonde, avec plus de questions et de réponses.  Mais au final, cela en valait la peine et je pense qu’il s’agit-là de la première étape pour continuer à obtenir des engagements de la part des décideurs.

5) Quel a été le principal enseignement que vous avez tiré de cet évènement ? 

J’ai appris qu’il y avait beaucoup de préparation et d'organisation derrière une session de panel d'une heure. Pour les personnes extérieures, cela pourrait ressembler à un appel Zoom d'une heure spontané, mais un grand nombre de réunions, une planification hors ligne et une coordination entre les participants ont été nécessaires. Même si, paradoxalement, la discussion peut sembler courte, il est toujours surprenant de voir tout ce qui peut être dit en moins de 60 minutes.

Sur le plan personnel, cela m’a confirmé que je peux vraiment faire tout ce que j’ai dans la tête (et dans le coeur) et que la peur n’est pas forcément une mauvaise chose, mais peut aussi être le signe que je m’engage dans quelque chose d’important et que je sors de ma zone de confort.

6) Selon vous, quelles sont, les prochaines étapes les plus importantes pour avancer sur ce sujet ?

L'état de la société civile et des jeunes militants et artisans de la paix en première ligne a récemment suscité une inquiétude croissante dans de nombreux pays. L'un des intervenantes du Venezuela a mentionné que pendant les manifestations qu'elle a aidé à organiser, le nombre de jeunes tués était supérieur au nombre  de jeunes impliqués dans les processus décisionnels. Je ne vais pas m’attarder sur la situation en Ukraine, car en janvier dernier, nous ne pouvions pas encore imaginer ce qui nous attendait. Tout ce que je peux dire, c’est que nous avons besoin par la suite de plus de dialogue et de compréhension entre les jeunes et les décideurs ; et nous avons besoin que ce dialogue soit soutenu par des institutions telles que l'ONU et ses organes représentatifs de la jeunesse afin que ce type d'événement soit durable et non ponctuel.

 

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