Asie

  • MYANMAR : « Presque toutes les personnes détenues nous disent qu’elles ont été battues »

    CIVICUS s’entretient avec Manny Maung, chercheuse au Myanmar pour Human Rights Watch (HRW), sur la situation des droits humains au Myanmar. Manny était auparavant journaliste et a passé de nombreuses années à vivre et à travailler au Myanmar.

    Le Myanmar reste sur la liste de surveillance du CIVICUS Monitor, qui comprend les pays ayant connu un déclin récent et rapide de leurs libertés civiques. Les militaires du Myanmar ont pris le pouvoir par un coup d’État le 1er février 2021, ont arrêté les dirigeants civils du gouvernement national et des États et ont lancé une répression brutale contre le mouvement de protestation dans tout le pays. Plus de six mois après, l’assaut contre l’espace civique persiste. Des milliers de personnes ont été arrêtées et détenues de manière arbitraire. Nombre d’entre eux font l’objet d’accusations infondées et des cas de torture et de mauvais traitements pendant les interrogatoires ont été signalés, ainsi que des décès en détention.

    Manny Maung

    Quelle est la situation des libertés civiques au Myanmar plus de cinq mois après le coup d’État ?

    Depuis le coup d’État militaire du 1er février, nous avons assisté à une détérioration rapide de la situation. Des milliers de personnes ont été détenues arbitrairement et des centaines ont été tuées, tandis que de nombreuses autres se cachent et tentent d’échapper à l’arrestation. HRW a déterminé que les militaires ont commis des abus qui équivalent à des crimes contre l’humanité à l’encontre de la population. Il est donc évident que la situation est extrêmement dangereuse pour la société civile, les libertés civiques étant devenues inexistantes.

    Le mouvement de désobéissance civile (MDC) est-il toujours actif malgré la répression ?

    Des manifestations ont encore lieu quotidiennement, bien qu’elles soient moins nombreuses et plus ponctuelles. Des grèves éclair éclatent dans tout le Myanmar, et pas seulement dans les grandes villes. Mais ces manifestations sont désormais légèrement atténuées, non seulement en raison des violentes répressions des forces de sécurité, mais aussi à cause de la troisième vague dévastatrice d’infections au COVID-19. Des centaines de mandats d’arrêt ont été émis à l’encontre des meneurs des manifestations, y compris à l’encontre de près de 600 médecins qui ont participé à la MDC ou l’ont dirigée auparavant. Les journalistes, les avocats et les leaders de la société civile ont tous été pris pour cible, de même que toute personne considérée comme un leader de la manifestation ou de la grève. Dans certains cas, si les autorités ne trouvent pas la personne qu’elles veulent arrêter, elles arrêtent les membres de sa famille en guise de punition collective.

    Quelle est la situation des manifestants qui ont été arrêtés et détenus ?

    Presque toutes les personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenus et qui ont été détenues ou raflées lors des vastes opérations de répression des manifestations nous ont dit avoir été battues lors de leur arrestation ou de leur détention dans des centres d’interrogatoire militaires. Un adolescent m’a raconté qu’il avait été frappé si fort avec la crosse d’un fusil qu’il s’était évanoui entre les coups. Il a également raconté qu’on l’a forcé à entrer dans une fosse et qu’on l’a enterré jusqu’au cou alors qu’il avait les yeux bandés, tout cela parce que les autorités le soupçonnaient d’être un leader protestataire. D’autres personnes ont décrit des passages à tabac violents alors qu’elles étaient menottées à une chaise, qu’elles étaient privées de nourriture et d’eau, qu’elles ne dormaient pas et qu’elles subissaient des violences sexuelles ou des menaces de viol.

    De nombreux manifestants qui sont toujours détenus n’ont pas eu de procès sérieux. Certains ont été inculpés et condamnés, mais il s’agit d’un petit nombre comparé aux milliers de personnes qui attendent que leur dossier avance. De nombreux détenus qui ont été libérés depuis nous disent qu’ils ont eu très peu de contacts, voire aucun, avec leurs avocats. Mais les avocats qui les représentent courent également des risques. Au moins six avocats défendant des prisonniers politiques ont été arrêtés, dont trois alors qu’ils représentaient un client dans le cadre d’un procès.

    Comment l’interruption des services d’Internet et de télévision a-t-elle affecté le MDP ?

    L’interdiction de la télévision par satellite est venue s’ajouter aux restrictions de l’accès à l’information. La junte a affirmé que des « organisations illégales et des organes de presse » diffusaient des programmes par satellite qui menaçaient la sécurité de l’État. Mais les interdictions semblent viser principalement les chaînes d’information étrangères qui diffusent par satellite au Myanmar, y compris deux diffuseurs indépendants en langue birmane, Democratic Voice of Burma et Mizzima, qui se sont vu retirer leur licence par la junte en mars. Les coupures d’accès à Internet ont également rendu difficile l’accès à l’information et la communication en temps réel entre les personnes.

    Les coupures générales de l’accès à Internet sont une forme de punition collective. Elles entravent l’accès aux informations et aux communications nécessaires à la vie quotidienne, mais surtout en cas de crise et de pandémie de COVID-19. Ces restrictions servent également de couverture aux violations des droits humains et compliquent les efforts visant à documenter ces violations.

    Pourquoi la violence dans les zones ethniques a-t-elle augmenté, et qui est visé ?

    Le coup d’État a entraîné une reprise des combats dans certaines régions du pays entre les groupes armés ethniques et l’armée. L’État de Rakhine semble être l’exception, car l’armée d’Arakan y a négocié un cessez-le-feu et les manifestations contre l’armée n’ont pas été aussi bruyantes ou répandues. D’autres groupes armés ethniques, tels que l’Armée de l’indépendance kachin et l’Armée de libération nationale karen (ALNK), ont accueilli favorablement la résistance aux militaires et offrent un refuge aux personnes fuyant les militaires dans les territoires qu’ils contrôlent. De nouveaux affrontements entre l’armée et l’ALNK ont donné lieu à un certain nombre de violations des droits humains à l’encontre de civils et ont entraîné le déplacement de milliers de personnes à la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar.

    Que pensez-vous de la réaction de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) à la situation au Myanmar jusqu’à présent ?

    L’ANASE a tenté de suivre les voies diplomatiques, mais il ne s’agit pas d’une situation où les choses se passent comme d’habitude. Les militaires ont pris le pouvoir et ont commis des crimes contre leur propre peuple - une population civile qui a déjà voté pour le gouvernement qu’elle préfère. Après des mois de négociations futiles, l’ANASE devrait être prête à imposer des sanctions au Myanmar. En tant que nations indépendantes, les États membres de l’ANASE devraient agir ensemble et imposer des sanctions ciblées au Myanmar afin de s’assurer que les militaires n’agissent plus en toute impunité.

    La réaction du général Min Aung Hlaing, qui s’est autoproclamé Premier ministre, au plan consensuel en cinq points proposé par l’ANASE témoigne de son mépris total pour la diplomatie régionale et montre clairement qu’il ne répondra qu’à des actes durs - tels que la coupure de son accès et de celui de l’armée aux revenus étrangers par des sanctions intelligentes.

    Que peut faire la communauté internationale pour soutenir la société civile et favoriser le retour à un régime démocratique ?

    HRW recommande au Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) de saisir la Cour pénale internationale concernant la situation au Myanmar. Le CSNU et les pays influents tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, le Japon, l’Inde, la Thaïlande et l’Union européenne devraient appliquer des sanctions coordonnées pour faire pression sur la junte. Le CSNU devrait également adopter une résolution visant à interdire la vente d’armes au Myanmar.

    Quant aux organisations internationales de la société civile, elles doivent continuer à plaider en faveur des membres de la société civile qui se cachent actuellement ou qui sont détenus de manière arbitraire. Cela signifie qu’elles doivent continuer à faire pression pour que soit reconnue la gravité de la crise politique et humanitaire au Myanmar, et pour que les gouvernements agissent en faveur de la population du Myanmar.

    L’espace civique au Myanmar est classé « réprimé » par le CIVICUS Monitor.

    Suivez @mannymaung sur Twitter.

  • MYANMAR : « Si le coup d’État n’est pas renversé, il y aura beaucoup plus de prisonniers politiques »

    CIVICUS parle du récent coup d’État militaire au Myanmar avec Bo Kyi, ancien prisonnier politique et co-fondateur de l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Fondée en 2000 par d’anciens prisonniers politiques vivant en exil à la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar, l’AAPP est basée à Mae Sot, en Thaïlande, et possède deux bureaux au Myanmar, ouverts depuis 2012. L’AAPP travaille pour la libération des prisonniers politiques et l’amélioration de leur vie après leur libération, avec des programmes visant à leur garantir l’accès à l’éducation, à la formation professionnelle, aux conseils en matière de santé mentale et aux soins de santé.

  • Myanmar: des activistes emprisonnés

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    À la suite du coup d'État militaire de février 2021, des milliers de personnes ont été arbitrairement arrêtées, détenues et attaquées au Myanmar, notamment des défenseurs des droits humains, des syndicalistes, des journalistes, des militants politiques et étudiants, des poètes, des écrivains et des religieux. 

    Comme le montre le CIVICUS Monitor, beaucoup font l'objet d'accusations infondées et des cas de torture et de mauvais traitements pendant les interrogatoires ont été signalés, ainsi que des décès en détention. Voici quelques-uns des défenseurs des droits humains et des militants qui ont été arrêtés par la junte.


    Min Htin KoKo Gyi1Min Htin Ko Ko Gyi, réalisateur

    Le réalisateur Min Htin Ko Ko Gyi a été arrêté le 1er février 2021, à la suite du coup d'État militaire. Il est un réalisateur de premier plan et le fondateur du Human Dignity Film Institute. Il a produit un documentaire primé, Floating Tomatoes, sur l'effet désastreux des pesticides sur le lac Inle, au Myanmar.

    En août 2019, il avait déjà été arrêté et condamné au titre de la section 505(a) du code pénal du Myanmar à un an de prison par le tribunal du canton d'Insein pour une série de publications sur Facebook critiquant la Constitution de 2008 rédigée par les militaires et le rôle de l'armée dans la vie politique.

    (Crédit photo: Myanmar NOW) 

    Ko Min Thway Thit1Ko Min Thway Thit, étudiant activiste 

    .L'étudiant activiste Ko Min Thway Thit a été arrêté le 1er février 2021, à la suite du coup d'État. Il avait déjà été incarcéré en 2015 pour son rôle dans les manifestations contre le nouveau projet de loi sur l'éducation, puis libéré en 2016.

    Il fait également partie des quatre personnes condamnées à une amende de 30 000 kyats pour avoir organisé une manifestation sans autorisation le 7 juillet 2019 afin de commémorer le massacre d'étudiants activistes par Ne Win en 1962.

    (Crédit photo: Burma News International) 

    ko mya aye kyaukseMya Aye, activiste de 88 Generation

    Éminent défenseur de la démocratie et l'un des leaders de 88 Generation a été arrêté le 1er février 2021, à la suite du coup d'État. Mya Aye a été arrêté deux fois sous l'ancienne junte pour son activisme politique pendant et après le soulèvement de 1988 et a purgé un total de 12 ans de prison.

    Il est accusé d'incitation à la haine en vertu de l'article 505(c) du Code pénal, qui prévoit jusqu'à deux ans de prison.

    (Crédit photo: The Myanmar Times)

     

    Shwe Nya Wah SayadawShwe Nya Wah Sayadaw, moine bouddhiste pro-démocratie

    Le moine bouddhiste Shwe Nya War Sayadaw a été arrêté le 1er février 2021, à la suite du coup d'État. Il a été détenu par les militaires dans son monastère à Yangon. Ce moine au franc-parler a critiqué le mouvement 969, qui est soutenu par des moines bouddhistes nationalistes.

    En 2012, il a reçu l'ordre de quitter son monastère de Yangon en raison d'un discours prononcé lors d'un événement pro-démocratie au bureau de Mandalay de la Ligue nationale pour la démocratie, où il avait publiquement appelé à la libération des prisonniers politiques et à la fin des guerres civiles en cours.

     (Crédit photo: Kaung Htet/ The Myanmar Times)

    Thin Thin Aung1Thin Thin Aung, défenseure des droits humains

    Thin Thin Aung a été arrêtée arbitrairement le 8 avril 2021 dans le canton de Botahtaung à Yangon et emmenée au centre d'interrogatoire militaire de Yay Kyi Ai dans le canton d'Insein à Yangon. Le 9 avril 2021, les forces de sécurité militaires ont fait une descente dans son appartement à Yangon et ont saisi ses biens, y compris ses ordinateurs.

    Elle est cofondatrice de l'agence de presse Mizzima et de la Women's League of Burma (WLB), fondatrice de Women for Justice, anciennement connue sous le nom de Women's Rights and Welfare Association of Burma (WRWAB).

    Depuis le soulèvement de 1988, Thin Thin Aung a consacré sa vie à la lutte pour la démocratie et les droits humains au Myanmar. Elle a passé la plupart de son temps à plaider, au niveau local et international, en faveur de la justice pour les droits humains de la femme.

    Ko Wai Moe Naing1Ko Wai Moe Naing, leader de protestation 

    Ko Wai Moe Naing, un éminent leader de la protestation contre la junte à Monywa, dans la région de Sagaing, a été battuet emmené par les forces de la junte après que sa moto a été percutée le 15 avril 2021.  Une photo montrant manifestement qu'il a été gravement torturé est devenue virale le lendemain de son arrestation.

    Wai Moe Naing a pu s'entretenir avec ses avocats pour la première fois le 27 mai 2021, plus d'un mois après son arrestation. Cette rencontre a eu lieu lors d'une audience à la prison de Monywa, où il est actuellement détenu. Il ferait face à un total de 10 chefs d'accusation, dont trahison, meurtre, incitation, association illégale, séquestration et vol à main armée.

    (Crédit photo: Myanmar NOW) 

    Myo Aye1Ma Myo Aye, leader syndical

    Ma Myo Aye, l'une des principales dirigeantes syndicales du Myanmar, a été arrêtée le 15 avril 2021. Elle a été arrêtée à son bureau, dans le quartier de Shwepyithar à Yangon, par une quarantaine de membres des forces de sécurité de la junte militaire. Myo Aye a ensuite été emmenée dans un poste de police pour y être interrogée.

    Elle est directrice du syndicat Solidarity Trade Union of Myanmar (STUM) et est parmi les dirigeants syndicaux les plus en vue du mouvement de désobéissance civile, qui organise des grèves et des manifestations nationales depuis la prise du pouvoir par les militaires.

    (Crédit photo: Twitter/@cleanclothes) 

    Man Zar Myay Mon1Man Zar Myay Mon, défenseur des droits fonciers et environnementaux

    Man Zar Myay Mon est un défenseur des droits fonciers et environnementaux de la région de Sagaing. Il a été arrêté le matin du 8 juin 2021 par des soldats alors qu'il tentait de fuir le village de Shan Htoo, dans le canton de Chaung-U, dans la région de Sagaing. Les soldats lui ont tiré dans la jambe alors qu'il circulait à moto, l'ont immédiatement capturé, l'ont menotté et lui ont bandé les yeux. Il est détenu dans un centre d'interrogatoire au siège du commandement nord-ouest de la Tatmadaw à Monywa, dans la région de Sagaing.

    Après être devenu une figure de proue des manifestations pacifiques contre le coup d'État, Man Zar Myay Mon a été inculpé en mars 2021 d'"incitation" au titre de l'article 505(a) du Code pénal pour sa participation aux manifestations et un mandat d'arrêt a été lancé contre lui, ce qui l'a contraint à se cacher. Il travaille depuis de nombreuses années à promouvoir la responsabilisation des industries extractives au profit des communautés locales. Il a également été l'un des chefs de file de la communauté lors des manifestations contre la mine de Letpadaung, dans la région de Sagaing.

    (Crédit photo: The Irrawaddy)

    Ma Chun BuMa Chan Bu, journaliste

    Les forces de sécurité ont battu et arrêté la journaliste Ma Chan Bu, du 74 Media, le 29 mars, alors qu'elle couvrait une manifestation à Myitkyina, dans l'État de Kachin. Elle a été arrêtée avec Ko La Raw, qui travaille pour Kachin Wave. Les deux médias sont basés dans la capitale de l'État Kachin. Elle a été inculpée en vertu de la section 505a du Code pénal.

    Selon des rapports datant du 15 juillet 2021, près de la moitié des 87 journalistes arrêtés par la junte du Myanmar au cours des cinq mois qui ont suivi le coup d'État sont toujours en détention. 31 journalistes ont été libérés avant le 30 juin 2021, date à laquelle la junte a déclaré une amnistie générale et libéré 2 300 prisonniers des prisons du pays, dont 14 autres journalistes. Dans la plupart des cas, les autorités ont accusé les reporters de diffamation envers l'armée en vertu de la section 505 (a). Des dizaines de journalistes vivent actuellement cachés.

    (Crédit photo: BNI Multimedia Group)

  • Pakistan: la société civile demande la libération immédiate de Mohammed Ismail et mettre fin à l'harcèlement

    Dernière nouvelle à propos du cas du professeur Mohammed Ismail: 

     


    Les membres soussignés de CIVICUS, l'Alliance mondiale des organisations de la société civile et leGroupe d'Affinité des Associations Nationales (AGNA) exigent la libération immédiate du professeur Mohammed Ismail de la détention préventive au Pakistan et mettre un terme à toutes les formes de harcèlement et d’intimidation et menaces contre lui et sa famille.

    Mohammed Ismail est, depuis longtemps, membre d'AGNA, un réseau de 90 associations nationales et plates-formes régionales du monde entier. Il est le point focal du Forum des ONG pakistanaises (PNF), une organisation qui rassemble d'autres organisations de la société civile (OSC) au Pakistan. Sa fille, Gulalai Ismail, est une défenseuse des droits humains qui a été victime de persécution par les autorités du fait de son plaidoyer en faveur des droits des femmes et des filles et de ses efforts pour mettre fin aux violations des droits humains envers le groupe ethnique pachtoun. Elle a, par la suite, obtenu l'asile aux États-Unis d'Amérique.

    En juillet 2019, Mohammed Ismail a été accusé d'infractions à la Loi Antiterroriste par rapport au travail légitime de sa fille, Gulalai Ismail, en faveur des droits humains. Le 24 octobre 2019, il a été abordé devant le tribunal de Peshawar par des hommes vêtus d'uniformes militaires noirs, qui l'ont forcé à monter dans un véhicule noir. Il reste porté disparu jusqu'au matin du 25 octobre, lorsqu’il a comparu devant un magistrat judiciaire, sous la garde de l'Agence Fédérale d'Investigation du Pakistan, et a été inculpé de nouvelles accusations en vertu de la loi sur la criminalité électronique au Pakistan. Il est toujours en détention et les demandes de libération sous caution déposées ont été rejetées par les tribunaux.

    En outre, nous sommes profondément préoccupés par les rapports fiables reçus au sujet des conditions épouvantables dans lesquelles le professeur Ismail est placé en détention, qui peuvent être considérées comme des traitements cruel, inhumains et dégradants. Il a été privé de soins médicaux malgré ses multiples problèmes de santé, notamment un trouble neurologique, des disques disloqués au dos, des douleurs aux reins et des taux élevés de créatinine. On lui a également refusé des soins médicaux pour traiter son hypertension.

    Avant sa détention, Mohammed Ismail et sa famille avaient été victimes d'intimidations pendant des mois, y compris au moins trois rafles dans leur maison familiale à Islamabad, ainsi que de menaces de blessures physiques à la jeune sœur de Gulalai Ismail.

    Les accusations portées contre Mohammed Ismail ne sont pas fondées et semblent avoir été présentées par les autorités pour le faire taire et aussi museler Gulalai. Ce harcèlement et cette intimidation judiciaire mettent en évidence le climat hostile où des défenseurs des droits humains, des journalistes et d'autres acteurs au Pakistan exercent leur liberté d'expression et expriment leurs critiques à l'égard de l'État.

    Nous, les membres de CIVICUS et de l'AGNA, exhortons les autorités pakistanaises à libérer le professeur Ismail immédiatement et sans condition, à mettre un terme aux actes de harcèlement à l'encontre du professeur Mohammed Ismail, de Gulalai Ismail et de leur famille, et de retirer toutes les charges portées contre eux. Nous demandons également aux autorités à prendre des mesures immédiates pour veiller à ce que tous les défenseurs des droits de l'homme au Pakistan puissent mener leurs activités légitimes sans aucune entrave ni crainte de représailles.

    Signatures
    Areen Abu al rob, PCS Palestine
    Ronja Ievers, Hui E! Community Aotearoa
    Sophie Kange, Uganda National NGO Forum
    Marisa Gomez Crespo, Plataforma de ONG de accion social
    Ilina Neshikj, Balkan Civil Society Development Network
    Mpho Tapela, Botswana Council of NGO’s
    Siaka Coulibaly, RESOCIDE
    Siale ILOLAHIA, PIANGO
    Kai Klandorf, Network of Estonian Non-profit Organizations
    Analia Bettoni, Instituto de Comunicación y Desarrollo
    Addys Then Marte, Alianza ONG
    Lavea Peseta. L.Nafo'i, Samoa Umbrella Non Government Organization
    Jitram Lama, NGO Federation Nepal
    Oyebisi Seyi, Nigeria Network of NGOs
    Jane Salmonson, Scotland’s International Development Alliance
    Maja Stojanovic, Civic Initiatives, Serbia
    Vertti Kiukas, SOSTE Finnish Federation for Social Affairs and Health
     
  • PHILIPPINES : « Les accusations portées contre moi font partie des tentatives du gouvernement pour faire taire ses détracteurs »

    CIVICUS s’entretient avec Elisa « Tita » Lubi, présidente du groupe de défense des droits humains Karapatan, qui fait actuellement l’objet defaussesaccusations de tentative de meurtre. Elle a été inculpée, ainsi que le Secrétaire général de Karapatan pour la région de Mindanao Sud, Jayvee Apia, pour avoir prétendument commis ces crimes lors d’un affrontement armé entre l’armée et des membres du groupe d’opposition armé New People’s Army en mai 2018. L’affaire n’a été ouverte qu’en juin 2020, deux ans après l’affrontement présumé.

  • SRI LANKA : « Le contrôle des médias a donné au gouvernement un grand avantage »

    CIVICUS s’entretient avec Sandun Thudugala, directeur des programmes du Law and Society Trust (LST), au sujet des élections législatives qui ont eu lieu au Sri Lanka le 5 août 2020, dans le contexte de la pandémie de la COVID-19. LST est une organisation de recherche et de défense juridique fondée en 1982 à Colombo, au Sri Lanka, dans le but de promouvoir des réformes juridiques pour améliorer l’accès à la justice, la judiciarisation des droits et la responsabilité des institutions publiques.

    A l’approche des élections d’août 2020, le CIVICUS Monitora documenté le fait que les avocats de droits humains et les journalistes étaient victimes d’arrestations, de menaces et de harcèlement. Unrapport du rapporteur spécial des Nations unies (ONU) sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association, publié en mai 2020, a également montré que la société civile était confrontée à des difficultés d’enregistrement et de fonctionnement et à divers obstacles à l’exercice du droit de manifestation.

  • THAILANDE : « Les jeunes remettent en question le fait que le gouvernement sape leurs droits et compromette leur avenir »

    CIVICUS s’entretient avec la directrice exécutive d’Amnesty International Thaïlande, Piyanut Kotsan, sur le mouvement démocratique et la répression des manifestations en Thaïlande. Fondée à Bangkok en 1993, Amnesty International Thaïlande compte plus de 1 000 membres dans tout le pays. Son travail se concentre sur la promotion de la liberté d’expression en ligne et hors ligne, la liberté de réunion pacifique, l’éducation aux droits humains, le droit à l’avortement, les droits des migrants et des réfugiés, et la dénonciation de la torture, des disparitions forcées et de la peine de mort.

  • VIETNAM: ‘The government is using non-state actors against minority religions’

    Thang NguyenCIVICUS speaks with Thang Nguyen of Boat People SOS (BPSOS), a civil society organisation based in the USA and Thailand, about the challenges for civil society and religious minorities in Vietnam, and about their work to enable civil society responses.

    Can you tell us about BPSOS and the work it does?

    I’m currently the CEO and President of BPSOS, having joined initially as a volunteer. BPSOS was founded in 1980. We have two major divisions. The first, our domestic programme, is about serving refugees and migrants in the USA, across six locations. Second, we have our international initiatives, run from our regional headquarters in Bangkok, Thailand.

    In Bangkok, we provide a legal clinic to help refugees and asylum seekers with their asylum claims and with protection – not only those coming from Vietnam but also from other countries, including Cambodia, China, Pakistan and Sri Lanka. We have a programme to help Vietnamese human rights defenders at risk, whether they be in prison or in hiding in Vietnam or seeking refuge in Thailand or elsewhere. A major component is to build capacity for civil society in Vietnam at the community level. Finally, we have a religious freedom project, working with local, regional and global partners, to build up a network for advocates for freedom of religion or belief in South East Asia. We hold an annual conference, the Southeast Asia Freedom of Religion or Belief Conference (SEAFORB).

    What are the key current challenges experienced by civil society in Vietnam?

    The regime is still very oppressive. The government has heavy-handed policies against people coming together to form their own associations, which make it hard for organised civil society to develop. The government is now somewhat more tolerant with individuals speaking out, or perhaps it is that the government struggles to control expression on social media to the same extent.

    Another challenge comes with the people themselves. Living in a closed society, they don’t have many opportunities to develop the necessary skills or experience to come together and form associations.

    Further, there’s very little commitment or investment from the international community to develop civil society in Vietnam, compared for example to Cambodia or Myanmar. There are very few organisations from outside Vietnam that work hand in hand with groups in Vietnam to help them develop capacity to implement programmes.

    Because of this, there are very few truly functional independent civil society organisations in Vietnam and the number of these has decreased over the last five years because they cannot sustain themselves in the face of interference from the government. There are only individual human rights defenders, some of them well-known, but not organised civil society.

    In contrast, there are tens of thousands of government-owned ‘non-governmental’ organisations (GONGOs) that are controlled by the Communist Party. They present themselves as the civil society of Vietnam.

    What are the challenges minority groups face in Vietnam, particularly religious minorities?

    Many of the minority groups are indigenous peoples, but the government of Vietnam does not recognise them as such; it only classes them as ethnic minorities. They therefore face a fight for the right to be recognised as indigenous people. They are often separated from their ancestral land.

    For many groups, a religion that is a minority belief in Vietnam is part of their social and cultural makeup. For example, the Cham are Muslim and the Khmer Krom are Theravada Buddhists, which is very different from the Mahayana Buddhism practised by the majority of Vietnamese Buddhists. Then there are the Hmong and the Montagnards: Christianity has spread among the Montagnards for decades, and the government wants to control and stop this. Since the early 1980s, Christianity also started to develop in the Northwest Region among the Hmong population. The government of Vietnam viewed this as an undesirable influence from the west, and therefore it has taken drastic messages to stop its further spreading in the Northwest and Central Highlands regions.

    Most of these groups of people are located remotely and so don’t have access to the internet, and don’t know how to attract resources, even from within Vietnam. Other people in Vietnam aren’t aware of the situation, let alone the international community. Little information is available about these groups.

    The government authorities are directly suppressing independent house churches. In the Central Highlands, thousands of house churches have been closed, set on fire and destroyed. In 2004 the government issued an ordinance on belief and religion, meaning that house churches have to be registered. There are credible reports that the government trained a lot of its own people to become pastors, and they have set up new churches allowed by the government. These are run and controlled by the government.

    A major challenge is the forced renunciation of faith. Christians have been ordered to leave their parish churches and told not to follow any religion, or to join a government-controlled church. People who have resisted joining government-controlled churches have been harassed, persecuted and tortured. Several deaths in police custody have been documented. There are quite a lot of religious prisoners of conscience, many of them Montagnard Christians.

    The repression of the Hmong is even more drastic. In many parts of Northwest Region, Hmong Christians who have refused to renounce their faith have been evicted from their villages by the local authorities. Their villages have been declared as Christian-free zones. Tens of thousands of Hmong have been affected, something that continues to this day. They became itinerant, and it has taken them many years to coalesce into new communities, usually in previously uninhabited areas unknown to local government. Many moved to the Central Highlands. They are completely undocumented and so have become functionally stateless. They live outside society. Married people are not issued with marriage certificates, babies do not get birth certificates, children can’t formally receive education – although some slip into school unofficially – and people can’t get legal employment, set up a business, or open a bank account. They are restricted in their travel: pastors can’t travel into these communities, while they cannot travel to worship elsewhere.

    In many provinces Catholics, even when they are part of the major ethnic groups, have been persecuted by the government. And then there is the Cao Dai religion, a minority religion with about five million reported followers, although the government only recognises around 1.2 million Cao Daiists. Its church structures were disbanded in 1978. In 1997 the government created a new Cao Dai sect, and then 10 years later turned this into a new religion with a similar name and transferred all the property of the Cao Dai religion to it. To the world the government presents this sect as the representative of the Cao Dai religion.

    The government is also using non-state actors against minority religions. In Nghe An Province, the authorities use organised mobs known as Red Flag Associations, which are supported and encouraged by local authorities to attack churches and beat up parishioners. We have had several reports of this.

    What steps are needed to help civil society respond to these rights violations?

    Because of the restriction of organised civil society there’s very little response to the suppression of religious minorities. This lack of organised civil society also makes it difficult to foster partnerships between civil society groups in Vietnam and international human rights organisations. In response, we are trying to build community capacity to develop organisations in Vietnam to protect rights.

    We train a lot of people in Vietnam to know how to report human rights violations. So far we’ve trained about a thousand local rapporteurs and they have generated about 200 different reports that have been submitted to various United Nations (UN) special procedures and UN bodies, and shared with other governments and international human rights organisations to raise awareness of the situation in Vietnam.

    We are helping to form community-based CSOs in each minority community. So far there are about 20 of these, and we aim to have 100 by the end of 2020. We have incubated a number of CSOs specialising in different aspects of human rights, based on the international commitments Vietnam has made as a result of signing various conventions. For example, we have supported the creation and development of Vietnamese Women for Human Rights, the Vietnam Coalition Against Torture and the Vietnam Freedom of Religion or Belief Roundtable. We have worked with Montagnard people to form a CSO specialising in Montagnard minorities. Now we are connecting these specialist CSOs with their peers outside Vietnam. For instance Vietnamese Women for Human Rights is now a member of FORUM-ASIA, a network of human rights organisations throughout Asia and the Pacific. We are cultivating these kinds of partnerships.

    What more support is needed?

    Once CSOs in Vietnam have developed some capacity, there is a need to connect them with civil society outside Vietnam. We are advocating for organisations to offer internship and fellowship schemes to enable staff to develop skills, experience, connections and exposure outside Vietnam.

    We hope to see more projects geared at further developing civil society in Vietnam, through training, coaching and technical assistance as well as advocacy. There has been an almost complete lack of this kind of investment from civil society worldwide. Organisations are issuing statements about Vietnam and that is appreciated, but this is the next step needed. Amnesty International now has a Vietnamese national working on Vietnam, who was with BPSOS before, so this is a positive step and a model to replicate.

    It would be much more effective if international human rights organisations working on Vietnam could coordinate among themselves, and with groups within Vietnam. For instance, a joint advocacy project on the functionally stateless Montagnard Christians, with pressure coming from multiple directions, would help.

    Civic space in Vietnam is rated as ‘closed’ by theCIVICUS Monitor.

    Get in touch with BSPOS through itswebsite orFacebook page and follow@BoatPeopleSOS on Twitter.

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