Afghanistan : L'ONU et les États membres doivent prendre des mesures urgentes pour protéger la société civile

CIVICUS, l'alliance mondiale de la société civile, est profondément préoccupée par la sécurité des défenseurs des droits humains, des journalistes et du personnel des organisations de la société civile en Afghanistan, suite à l'effondrement du gouvernement du Président Ashraf Ghani et à la prise de pouvoir par les Talibans.

Comme l'ont demandé les experts de l'ONU, nous exhortons les États membres de l'ONU à prendre des mesures immédiates pour les protéger et à demander de toute urgence la tenue d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme sur l'Afghanistan, qui comprendra une discussion sur la mise en place rapide d'une mission d'enquête chargée d'évaluer la situation sur le terrain et de rendre compte.

Les talibans ont un passé de violation des droits humains, de mesures de représailles coordonnées contre leurs détracteurs, et d'attaques contre les civils en toute impunité. Après la prise de contrôle de Kaboul, les défenseurs des droits humains ont signalé que des listes de noms de représentants de la société civile ont été révélées par les talibans et que des raids ont été menés à leur domicile. Les défenseurs des droits humains qui tentent de quitter le pays ont également été empêchés d'embarquer dans des avions, les missions étrangères ayant donné la priorité à l'évacuation de leurs propres ressortissants et de leur personnel. D'autres se sont cachés et craignent pour leur vie.

Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme s'est également inquiété des premières informations indiquant que les talibans imposent de sévères restrictions aux droits humains dans les zones qu'ils contrôlent, en ciblant particulièrement les femmes.

« La crise qui se déroule en Afghanistan exige une réponse urgente et déterminée de la part des Nations unies et des États membres. Des mesures proactives doivent être prises pour assurer la sécurité et la protection des défenseurs des droits humains, en particulier des femmes. Nombre d'entre eux risquent d'être pris pour cible par les talibans en raison de leur travail, et des efforts doivent être déployés pour les évacuer et les réinstaller, eux et leurs familles », a déclaré Josef Benedict, chercheur en matière d'espace civique chez CIVICUS.

CIVICUS a recueilli des informations sur les attaques des talibans contre la société civile au cours des dernières années. Les défenseurs des droits humains, en particulier les femmes, ont été menacés dans l'exercice de leurs fonctions et certains ont été enlevés et tués. Nombre d'entre eux ont dû déménager pour des raisons de sécurité, alors même que les auteurs de ces actes n'ont pas été tenus pour responsables. Les récentes négociations de paix n'ont pas réussi à inclure de manière adéquate et efficace la société civile, en particulier les femmes défenseures des droits humains.

Selon les informations compilées par le Comité afghan des défenseurs des droits humains (AHRDC), 17 défenseurs des droits humains ont été tués entre septembre 2020 et mai 2021 seulement. Plus de 200 défenseurs des droits humains et représentants des médias ont déclaré avoir reçu de graves menaces. Compte tenu des conditions de conflit et de l'instabilité politique actuelles, ces menaces se sont amplifiées.

L'appel lancé par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, le 16 août, à la communauté internationale pour qu'elle parle d'une seule voix afin de faire respecter les droits humains en Afghanistan, est un pas dans la bonne direction.

« Le Conseil de sécurité des Nations unies doit saisir l'occasion qui se présente actuellement pour relancer rapidement les pourparlers de paix inter-afghans, qui sont dans l'impasse, et assurer une représentation effective de la société civile, en particulier des femmes. Il doit également appeler les talibans à respecter le droit international des droits de l'homme, à protéger les civils et à mettre fin aux opérations de représailles », a déclaré Josef Benedict.

Le CIVICUS Monitor, une plateforme en ligne qui suit les menaces pesant sur la société civile dans les pays du monde entier, qualifie l'espace civique - l'espace pour la société civile - en Afghanistan comme étant réprimé.

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